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La révolution russe: une histoire mondiale

La révolution russe: une histoire mondialeTemps de lecture : 3 minutes

Journée d’étude internationale sur le centenaire de la révolution ruse et l’année 1917 organisée par la Fondation Gabriel Péri, le 31 mars 2017.

L’historiographie de la révolution russe continue d’évoluer à l’épreuve des travaux des chercheurs dont plusieurs nous font part de leurs réflexions actuelles à la lumière de leurs recherches. Le décloisonnement des approches signifie en particulier le croisement des regards sur le processus révolutionnaire russe de l’intérieur de la société russe, mais aussi de l’extérieur en prenant la dimension internationale d’une séquence historique qui est inséparable de la guerre mondiale. L’histoire de la révolution russe est donc nécessairement une histoire mondiale, une histoire sociale, politique et culturelle des milieux populaires, des mouvements sociaux comme des organisations politiques.

L’objectif de cette journée d’étude était d’interroger l’épisode historique en jouant sur deux échelles souvent ignorées : d’une part, celle de l’espace politique international – qui intègre aussi l’impact européen – et d’autre part, au-delà de la révolution russe, celle de la longue durée historique. Cette journée a été structurée en deux tables rondes.

1) L’événement et ses représentations dans les  contextes internationaux

L’objectif était de caractériser la révolution russe dans le moment de 1917, dans l’historiographie actuelle, mais aussi dans l’histoire globale et la circulation des modèles politiques.

Alexandre Sumpf revient sur la situation de la Russie dans la Première Guerre mondiale et sur la manière dont cette guerre a constitué le contexte fondamental de l’éclatement et du déroulement de la révolution. Jean-Numa Ducange explique en quoi la référence à la Révolution française est permanente dans la réflexion et l’action des sociaux-démocrates russes durant la révolution. Cette référence est commune à la social-démocratie européenne – en particulier au SPD.

Serge Wolikow démontre en quoi la révolution en Russie est, dès ses origines, inséparable du contexte international et en quoi elle s’articule, au moins au départ, avec une vision de la révolution mondiale portée par l’Internationale communiste dont le projet subi ensuite les contrecoups des échecs révolutionnaires en dehors de la Russie. Pour Roger Martelli, en l’absence de la révolution mondiale attendue, la révolution russe va devenir le modèle politique de référence du mouvement communiste international au moins jusqu’aux années 1960. Il revient aussi sur la manière dont ce modèle va profondément imprégner la démarche des partis communistes.

2) Impact, mémoires, traces, patrimoines et commémorations

À travers  des exemples, il s’agit de traiter de la réception de l’événement sur le mouvement ouvrier dans différents pays,  mais aussi d’interroger la manière de représenter la révolution russe comme moment fondateur à travers les commémorations

Marco di Maggio consacre son intervention à l’impact de la révolution russe sur le mouvement  ouvrier italien au sein duquel, en dépit de différences essentielles de situation, la sympathie pour la révolution bolchevik est grande. Maud Chirio revient sur l’impact et la réception de l’événement au Brésil. Ils sont moins immédiats même si la référence positive à la révolution russe devient un marqueur essentiel dans la construction des appartenances révolutionnaires.

Alain Ruscio étudie l’impact de la révolution russe dans le monde colonial par l’entremise notamment de l’internationale communiste et la constitution de noyaux et de partis communistes. Ces derniers s’efforcent d’associer projet d’émancipation nationale et révolution sociale dans des pays où le prolétariat industriel est peu nombreux. Pour Serge Wolikow, la révolution d’octobre est inséparable de sa commémoration qui implique une mise en récit et en scène. Cette commémoration s’affirme dès 1923 avant d’être canonisée en 1927. Dès cette époque, elle réinvente l’évènement, en fixe les traits essentiels, mais avec des accents qui vont eux-mêmes changer ultérieurement. La commémoration stalinienne de 1937 marque sur ce point une nouvelle évolution en érigeant Staline en protagoniste principal au côté de Lénine.

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