capitalisme de surveillance

Faire consentir à un avenir probable ou l’instrumentalisation algorithmique

Le fétichisme de la quantification ininterrompue du monde et la puissance divinatoire que ses rentiers nous louent reposent sur un empirisme naïf, non-dénué de présupposés théoriques, et pour le moins, technocratiques. Dans cet extrait, Cédric Durand montre ainsi que cette posture épistémologique relève d’une stratégie économique qui vise à enregistrer, surveiller et orienter les comportements. Il s’agit pour les firmes du capitalisme de plateformes de maximiser leurs profits par l’optimisation du degré de certitude des probabilités qu’elles produisent et instrumentalisent, en extrayant toujours plus de données sur la vie des individus, incités à se soumettre en retour au modèle prédictif qui leur est proposé.

La surveillance par l’IA, un modèle qui se généralise

Quand on s’interroge en 2022 sur l’utilisation des traces numériques que nous semons quotidiennement, la lecture du célèbre roman d’anticipation 1984 de George Orwell peut nous sembler bien fade sur certains aspects. Big Brother est aujourd’hui un marché concurrentiel mondial d’entreprises privées spécialisées dans le recueil de données biographiques et leur traitement par des intelligences artificielles. Deux pôles clairement identifiés s’affrontent dans la course à l’innovation : la Chine et les États-Unis. Dans cet article Hélène Jeannin propose une vue d’ensemble des applications et des implications relatives à la généralisation des technologies de surveillance, que favorisent les dynamiques de concentration urbaine de la population mondiale. Big Brother veille autant qu’il surveille au su et au vu de toutes et tous, au point d’orienter les comportements de manière insidieuse. La gouvernementalité algorithmique au service de la révolution anthropologique du néolibéralisme ?