La crise financière qui a débuté à l’été 2007 et qui a conduit à la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 a eu des répercussions particulièrement graves en Grèce. Après trois plans d’aide et une dizaine de plans d’austérité, les dégâts économiques et sociaux sont considérables tandis que la dette est devenue insoutenable. En avril 2005, Pierre Khalfa rappelait qu’« en moins de cinq ans, 30 % des entreprises grecques ont fermé, 150 000 postes ont été supprimés dans le secteur public, il y a eu 42 % d’augmentation du chômage, 45 % de baisse des retraites, une hausse de près de 100 % des personnes sous le seuil de pauvreté. Le PIB a diminué de 25 % et la dette publique est passée de 120 % à 175 % du PIB. En 2014, le taux de chômage atteignait 27 % – plus de 50 % pour les jeunes – et le salaire minimum était de 480 euros net »[1].
Silo a sélectionné quelques vidéos et articles qui expliquent les raisons de cette crise et proposent des solutions alternatives fondées sur l’intérêt du peuple grec et non plus sur celui des marchés financiers.
Trois idées reçues sur la crise grecque, film écrit par Thomas Coutrot et Frédéric Lemaire (2015, 2,49 min)
Aris Chatzistefanou et Katerina Kitidi ont réalisé en 2011 La gouvernance par la dette (debtocracy), (74,47 min)
Dans ce film, ces réalisateurs retracent les étapes d’un processus qui a conduit à la crise de la dette en Grèce. Par des retours sur l’histoire, ils expliquent ce que recouvre la notion de « dette odieuse » théorisée par un juriste russe, Alexandre Nahum Sack (absence de bénéfices pour la population et complicité des prêteurs notamment). L’illégitimité de certaines dettes justifie leur annulation ou leur répudiation. Les auteurs préconisent un audit de la dette pour distinguer la dette légale de celle qui ne l’est pas et mettent en débat des solutions alternatives pour tenter de sortir de la crise actuelle.
Le Parlement hellénique a institué, en avril 2015, une commission pour la Vérité sur la dette publique grecque coordonnée par Éric Toussaint. Son rôle est « de mener des investigations sur l’origine et l’augmentation de la dette publique, la façon dont cette dette a été contractée et les raisons qui y ont amené, enfin sur l’impact qu’ont eu sur l’économie et la population les conditionnalités attachées à ces contrats ». Dans son rapport préliminaire de juin 2015, cette commission « dresse un premier état des lieux des principaux problèmes et enjeux liés à la dette publique et fait état de violations juridiques majeures en ce qui touche aux contrats d’emprunt ». Y sont également posées « les bases juridiques sur lesquelles la suspension unilatérale des paiements de la dette peut être invoquée ».
Vous pouvez vous référer ci-dessous à ce rapport et à sa synthèse qui a été publié sur le site du CADTM.
Frédéric Boccara, Yves Dimicoli, Denis Durand, Fréderic Rauch, « Grèce-Europe : pour un vrai plan B. Il faut cesser d’utiliser l’argent des Européens pour l’austérité », in Frédéric Boccara, Denis Durand (dir.), Grèce, élargir la brèche, refonder l’Europe, Paris, Économie et politique, 2015, 120 p.
Dans cet article, Frédéric Boccara, Yves Dimicoli, Denis Durand et Fréderic Rauch soutiennent la stratégie retenue par Aléxis Tsípras lors de l’« accord » du 13 juillet 2015 entre la Grèce et les institutions européennes, car ils estiment qu’elle est la plus propice au combat. Pour eux, il faut cibler la bataille sur le développement de l’économie grecque et donc sur les responsabilités de la Banque centrale européenne pour le financer. Pour en finir avec le fait que l’argent des Européens est utilisé en faveur de l’austérité et de la finance, ils proposent la création d’un Fonds européen pour tous les pays membres de l’euro dont la finalité est de financer le développement des services publics, de l’économie et de l’écologie en Europe.
Éric, Toussaint, « Grèce : Les banques sont à l’origine de la crise », CADTM, 23 décembre 2016
Dans cette étude, Éric Toussaint démontre que la crise grecque qui a éclaté en 2010 est d’origine bancaire privée. Elle n’est pas le résultat d’un excès de dépenses publiques. Le soi-disant plan d’aide à la Grèce a été conçu pour servir les intérêts des banquiers privés et ceux des pays qui dominent la zone euro. L’adoption de l’euro par la Grèce a joué un rôle important dans les facteurs qui ont contribué à la crise. L’analyse contenue dans ce texte a été présentée à Athènes le 6 novembre 2016 lors de la réunion de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque.