La contribution au débat de Christian Heslon « Sortir du mythe du vieillissement démographique pour inventer une société à quatre ou cinq générations » (Silomag #9,) est très intéressante en allant à contre-courant de ce que nous distille chaque jour l’idéologie dominante : le poids croissant de la vieillesse justifiant toutes les régressions, des retraites en particulier.
Donner une place à nos aînés : un enjeu de société
Certes, l’espérance de vie n’augmente quasiment plus : elle a même régressé en 2015 pour les deux sexes et depuis n’a progressé que pour les hommes (+0,2 an depuis 2014) d’après l’INSEE[1]. Cela mérite de se poser quelques questions sur le devenir actuel de notre système de santé et sur le recul de l’âge de la retraite. La France est sous la moyenne européenne pour l’espérance de vie en bonne santé selon Eurostat sur des statistiques portant sur l’année 2016. Mais la transformation de notre société est indéniable : de 1900 à 2000, l’espérance de vie en France est passée de 48 à 79 ans ! Donner une place à nos aînés devient un enjeu de société pour une société de tous les âges, pour le vivre ensemble essentiel face à une idéologie dévastatrice mettant en concurrence ceux qui travaillent et les retraités (mais aussi ceux qui n’arrivent pas à vivre correctement de leurs salaires avec les chômeurs, etc.).
Une société de luttes de classes
Pourtant, la partie propositions de cette contribution, si elle fait rêver (et il y a besoin de rêve et d’utopies), est dangereuse : nous ne sommes pas dans une société de bisounours, mais dans une société de luttes de classes ! Quand nous en serons sortis, peut-être pourrons-nous envisager de travailler jusqu’à 75 ans, d’un travail choisi, sans domination. Mais pour l’instant, c’est le monde de l’exploitation capitaliste. Alors, ne donnons pas d’armes au capital. Oui au bénévolat, oui à l’engagement associatif, citoyen pour les retraités. Mais, il y a 5,5 millions de chômeurs inscrits à Pôle Emploi, sans parler de ceux qui ont renoncé à être inscrits. Alors la diminution du temps de travail (tout au long de la vie et tout au long de la semaine) est plus que jamais d’actualité, même si la diminution du temps de travail n’est pas le seul remède au chômage et si la satisfaction de besoins non couverts aujourd’hui est une nécessité pour le social et pour l’environnement et serait créatrice d’emplois.
Une réappropriation nécessaire
L’enjeu est bien que le peuple puisse se réapproprier les milliards que le patronat prélève chaque année sur son travail.
Alors, oui évidemment à une alternance travail formation tout au long de la vie, mais cadrons les choses par un statut assurant une sécurité emploi formation entre 18 et 60 ans, dans laquelle on pourrait inclure la possibilité de périodes consacrées à l’engagement associatif, citoyen. Évitons de promouvoir le revenu universel. Il fait même partie de la panoplie des libéraux les plus extrêmes comme mesure pour assurer la paix civile malgré les insupportables prélèvements du capital et il aurait un effet très négatif sur les nécessaires augmentations de salaire pour que les travailleurs se réapproprient le fruit de leur travail.
[1] Insee, Bilan démographique 2018 : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3692693#titre-bloc-13; Le Monde 19 février 2019 : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/02/19/la-france-mal-classee-pour-l-esperance-de-vie-en-bonne-sante_5425315_1650684.html
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