Publié en 2016, l’ouvrage dirigé par Farinaz Fassa, Eléonore Lépinard, Marta Roca I Escoda, L’intersectionnalité ; enjeux théoriques et politiques, fait référence pour comprendre la genèse politique du concept, les débats et controverses auxquels il donne lieu de part et d’autre de l’atlantique. Dans l’extrait de l’introduction que nous reproduisons ici, les autrices expliquent, à partir de la mise en regard avec les débats et les stratégies de mobilisations de l’intersectionnalité dans l’espace anglophone, sa réception critique en France autour de deux idées centrales : le risque du concept est d’omettre la classe sociale ce qui empêche de penser les rapports sociaux dans toutes leurs articulations ; la focalisation sur la question raciale et sur le sujet hyper-opprimé des femmes racisées limite l’analyse des rapports sociaux. En étudiant au fil des chapitres, sa généalogie, sa portée heuristique, la circulation internationale, les traductions, les cas concrets opérationalisant le concept et son utilisation militante pour forger des coalitions, l’ouvrage montre au contraire que l’intersectionnalité n’est pas une théorie unifiée, comme tendent à le faire croire les réactionnaires de tout bord en croisade contre le « wokisme », mais un champ de recherche transnational ouvert qui prend au sérieux la question raciale. Dans l’espace francophone et en France, particulièrement, où elle a longtemps été occultée, la traduction des textes fondateurs du concept et la publication de travaux universitaires de plus en plus nombreux à partir des années 2000 ont permis la constitution d’un héritage théorique et politique dans un esprit de dialogue et de collaboration.
Nous remercions l’éditeur La Dispute et Farinaz Fassa, Eléonore Lépinard, Marta Roca I Escoda, codirectrices de l’ouvrage L’intersectionnalité ; enjeux théoriques et politiques (2016), de nous avoir autorisés à reproduire un extrait de l’introduction, « Histoire(s) de concept(s) de deux côtés de l’Atlantique ».