Les trois. Longtemps fournies de manière informelle comme tâches domestiques accomplies par les femmes, les activités de soin aux autres (cuisine, nettoyage, éducation des enfants, prise en charge des personnes âgées, etc.) n’étaient pas reconnues comme des métiers, mais comme relevant «naturellement» de la condition féminine. Ce travail non rémunéré des femmes était invisibilisé, masquant ainsi ses fonctions économiques et sociales essentielles de reproduction (de la force de travail, de la population), pourtant indispensables à la production. Par la suite, les compétences spécifiques de «l’éthique du care» ont été considérées comme «inférieures» ou «féminines», contribuant à la dévalorisation de ces métiers. De son côté, la vision industrialiste de la productivité qui consiste à mesurer le nombre d’unités produites en un temps donné est particulièrement mal adaptée aux services puisque l’enjeu n’est pas de produire le plus possible, le plus vite possible, mais de produire des services de qualité. Elle conduit les économistes orthodoxes à considérer ses métiers comme «non productifs» et donc peu valorisés. Dans le même temps, les politiques de baisse du «coût du travail» ont contribué à maintenir ces emplois à de faibles niveaux de rémunération avec une moindre protection sociale. Elles ont aussi «institutionnalisé» des frontières entre les «productifs» et les «non productifs», accentuant encore la polarisation croissante du marché du travail alors même que la productivité des uns repose sur le travail invisible des autres qui sont à leur service (ménage, garde d’enfants, mobilité, livraison, etc.). Selon Bruno Palier, en découle «une nouvelle forme de domination sociale des “cerveaux” sur les “servants”».
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