amnésie traumatique
Le décalage entre l’étendue des violences sexuelles intrafamiliales et la modicité de la réponse politique interroge. Le mouvement #Metooinceste vient pourtant de rappeler l’ampleur d’un problème qui s’enracine dans les rapports de domination de l’ordre patriarcal. Véritable enjeu de santé publique, les maltraitances sexuelles à l’égard des enfants se perpétuent à mesure qu’ils restent impunis. Mié Kohiyama plaide ainsi pour une nécessaire reconnaissance législative de l’amnésie traumatique ainsi que pour l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineur.e.s, ce qui renforcerait la possibilité pour les victimes d’obtenir réparation de leur préjudice.
L’explosion mondiale de témoignages publics de femmes ayant subi des violences sexuelles constitue sans aucun doute l’un des faits les plus marquants des cinq dernières années. Dans le sillage du mouvement MeToo, de nombreuses voix, anonymes pour la plupart, se sont élevées pour dénoncer harcèlements, viols et féminicides. Christine Bard discute ici des précédents de cette prise de parole féminine, amplifiée par les réseaux sociaux, en la restituant dans l’histoire des luttes féministes. La question du viol suscite dès la fin des années 1970 une mobilisation pour sa criminalisation et la levée du tabou qui l’entoure. Depuis, cette réalité, désormais mieux informée par la recherche, est devenue, pour beaucoup, inacceptable. L’ampleur du mouvement actuel semble bien indiquer un profond changement des mentalités.