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Une victoire en trompe-l’œil ? Parité et féminisation de la vie politique

La politique est un métier fait par les hommes, pour les hommes, des hommes blancs plutôt âgés et plutôt bourgeois. La progression significative du nombre de femmes élues ces vingt dernières années change-t-elle la donne ? Dans cet article, Sandrine Lévêque revient sur l’ambivalence de la féminisation en politique. Si au tournant des années 1990/2000, la prescription de nouvelles règles contraignantes et incitatives, en faveur de la parité, renforce incontestablement la représentation des femmes dans les assemblés élues, une « forme de loi d’airain de l’oligarchie patriarcale » qui élimine les femmes à mesure qu’on s’élève dans la hiérarchie politique, ainsi qu’une division genrée du travail politique perdurent.

Parler pour prendre le pouvoir

Partant de la dimension performative du langage qui donne du sens et du pouvoir, qui plus est dans l’arène politique, Maud Navarre étudie la prise de parole des femmes élues dans les assemblées locales depuis 2010. À la faveur des lois sur la parité, elles sont de plus en plus nombreuses à exercer des fonctions électives ; pourtant, leurs interventions en séance demeurent bien moins nombreuses que celles des hommes qui continuent d’occuper les plus hautes fonctions. Les prises de parole des femmes sont en outre souvent plus contraintes et objets de sexisme surtout lorsqu’elles proviennent de l’opposition politique.