La question de l’«identité» et de la «race»: qu’en disent vraiment Pierre Bourdieu et Loïc Wacquant?
Pierre Bourdieu a consacré une grande partie de son travail à montrer que les classes sociales, et les groupes dans celles-ci, ne menaient pas seulement des luttes pour bénéficier de biens matériels, mais aussi des luttes symboliques : pour imposer une « domination » sur autrui, pour bénéficier de prestige et de légitimité à occuper certaines positions enviables dans la société.
Le déplacement des soins aux populations du service public vers le marché à l’aune duquel elles sont une opportunité de profit a dynamisé le secteur des services au domicile. Cette reconfiguration du travail reproductif, articulée à celle du travail productif , tant à l’échelle nationale que mondiale, est explorée par Alizée Delpierre qui, à partir de l’analyse des transformations de la division du travail reproductif montre que la « domination rapprochée » que constitue le rapport de domesticité, échappant aux formes standard de l’emploi, reconduit les hiérarchies genrées et raciales.
Nous sommes un collectif de féministes Noires (2) qui se réunit depuis 1974 (3). Depuis…
Dans le chapitre, « Lost in translation ? Black feminism, intersectionnalité et justice sociale », de l’ouvrage L’intersectionnalité ; enjeux théoriques et politiques, Patricia Hill Collins, sociologue afro-américaine spécialiste du Black Feminism, revient sur l’ancrage de l’intersectionnalité dans l’action politique des mouvements sociaux des années 1960 et 1970 pour expliquer comment les activistes ont aidé à sa légitimation et à forger ses ambitions dans le champ universitaire…
Publié en 2016, l’ouvrage dirigé par Farinaz Fassa, Eléonore Lépinard, Marta Roca I Escoda, L’intersectionnalité ; enjeux théoriques et politiques, fait référence pour comprendre la genèse politique du concept, les débats et controverses auxquels il donne lieu de part et d’autre de l’atlantique.
Au-delà de la panique morale de la droite à l’égard de l’intersectionnalité, la notion fait polémique à gauche où elle a tracé une ligne de clivage entre les tenants d’un « class first » d’une part, et les partisans d’une équivalence des formes de dominations autonomisées et essentialisées. Salomé Bouché-Frati déconfine ici le débat par une lecture marxiste du lien organique entre les rapports sociaux de classe, de sexe et de race.
Si les difficultés du mouvement ouvrier depuis la contre-révolution néolibérale ont pu permettre aux discours identifiant comme rivaux les luttes pour les droits civils et sociaux de rencontrer un certain écho, l’histoire des combats féministes nous indiquent que loin d’être concurrents, ils ont été intimement liés à la théorie et pratique politiques socialistes…
Si la question de l’articulation des luttes fait problème, avec la possibilité d’une rivalité entre les nouveaux sujets politiques qu’elles cherchent à instituer, en comprendre les causes implique d’interroger la façon dont les lignes de fracture de la réalité sont conceptualisées dans les courants féministes et antiracistes…