Au XVIIIe siècle, démocratie et représentation étaient considérées comme inconciliables. Avec l’avènement du suffrage universel, une synthèse de ces deux notions sera réalisée par la théorisation de la notion de « démocratie représentative ». Silo a sélectionné deux vidéos revenant sur cette histoire du mot démocratie.
Pour les philosophes des Lumières, comme pour les révolutionnaires français et américains de la fin du XVIIIe siècle, démocratie et représentation étaient considérées comme inconciliables. La notion de démocratie était utilisée uniquement pour qualifier ce que l’on appelle aujourd’hui la démocratie directe. De son côté, le régime représentatif renvoyait à un mode de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par des représentants élus et nommés.
Cette distinction est très explicite dans le discours de l’Abbé Sieyès du 7 septembre 1789 devant l’Assemblée nationale constituante : le concours des citoyens à la loi « peut s’exercer de deux manières. Les citoyens peuvent donner leur confiance à quelques-uns d’entre eux. Sans aliéner leur droit, ils en commettent l’exercice. C’est pour l’utilité commune qu’ils se nomment des représentations bien plus capables qu’eux-mêmes de connaître l’intérêt général, et d’interpréter à cet égard leur propre volonté. L’autre manière d’exercer son droit à la formation de la loi est de concourir soi-même immédiatement à la faire. Ce concours immédiat est ce qui caractérise la véritable démocratie »[1].
L’avènement du suffrage universel masculin dans la seconde moitié du XIXe siècle conduira à réaliser la synthèse de ces deux notions par la théorisation de la « démocratie représentative » fortement inspirée de la notion de régime représentatif. En effet, force est de constater que, dans tous les régimes qui se proclament démocratiques, la participation effective des citoyens est extrêmement limitée et l’idée de délégation de pouvoir poussée jusqu’à l’extrême.
Des mots, des mots … Démocratie? #Datageule n°74 (juil. 2017) – 4,48 min.
Les Révolutions françaises et américaines ont mis fin à des régimes monarchiques et absolus afin de donner le pouvoir au peuple par l’instauration de régimes “démocratiques”. L’histoire était belle… Mais en fouillant un peu le sujet, on se rend compte que la réalité historique est bien différente. Si les Révolutions françaises et américaines ont rejeté la monarchie, elles ont tout autant rejeté la démocratie. Elles ne marquent pas tant le point de départ d’un pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple que la constitutionalisation d’un régime représentatif. La « démocratie », dont aiment tant parler nos représentants aujourd’hui, n’est peut-être pas si évidente à désigner.
Démocratie: Histoire d’une malentendu, Université du Québec à Montréal (nov. 2013) – 27 min
Pour Francis Dupuis-Déri (Professeur de science politique à l’UQÀM)), la démocratie n’est pas celle que l’on croit et son histoire est encore plus méconnue. Détestée et ridiculisée pendant des siècles, la démocratie était vue comme le pire des régimes pendant des générations en Occident. Dans Démocratie. Histoire politique d’un mot (Lux éditeur, 2013), le professeur au Département de science politique de l’UQAM conclut avec fracas : le Canada n’est pas une démocratie et ne l’a jamais été.