Novembre-Décembre 20217 min

6 novembre 1954, une semaine après le début de l’insurrection marquée par une série d’attentats revendiqués par le Front de libération nationale (FLN) alors inconnu des services de renseignements. L’Humanité retranscrit un discours de Jacques Duclos, prononcé la veille devant les militants, au Vel’ d’Hiv’, dans lequel le mot «indépendance» est prononcé trois fois: «Un vent de liberté et d’indépendance souffle de plus en plus fort dans les pays soumis à la domination des colonialistes, comme en ont témoigné et en témoignent notamment les événements de Tunisie, du Maroc et ceux d’Algérie». Il faudra encore plus d’une année pour que ce mot réapparaisse, le mot d’ordre des manifestations étant «Paix en Algérie». Durant toute la guerre d’Algérie, l’Humanité ne cesse de relater et de dénoncer la répression qui s’abat sur le peuple algérien. De 1954 à 1962, le journal sera saisi 27 fois et fera l’objet de 150 poursuites.

En savoir plus:

• «Graves événements en Algérie», l’Humanité, 12 août 2016.
• Alain Ruscio, Les communistes et l’Algérie. Des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962, La Découverte, 2019.
• Paix et anticolonialisme, Salle de l’exposition numérique conçu par la Fondation Gabriel Péri pour le centenaire du Congrès de Tours.
• Maurice Ulrich, «17 octobre 1961. Jour après jour, l’Humanité lutte pour la vérité», L’humanité, 15 oct. 2021.
• Damien Gautreau, «Le PCF et la décolonisation», Blog de Mediapart, 12 janvier 2021.

Alexandra Kollontaï (1872-1952). Militante communiste issue de l’aristocratie, proche des mencheviks, elle devient commissaire du peuple à l’Assistance publique en 1917, après la révolution russe. Elle contribue à ce que l’avortement soit autorisé en 1920. Alexandra Kollontaï participe également à la création de l’Internationale communiste des femmes la même année. Féministe, elle défend le droit de vote des femmes, le droit au divorce, le salaire égale entre hommes et femmes, etc. Son opposition à la politique menée par Lénine, notamment la Nouvelle politique économique, lui vaut par la suite une carrière diplomatique hors de Russie. Miina Sillanpää est nommée ministre des Affaires sociales de Finlande en 1926, tandis qu’Irène Joliot-Curie fait partie des trois femmes qui entrent en 1936 au gouvernement du Front populaire.

En savoir plus:

• Hélène Carrère d’Encausse, Alexandra Kollontaï, Fayard, nov. 2021.
• André Pierre, «Alexandra Kollontaï, la première femme “ambassadeur”», Le Monde diplomatique, mai 1954.
• Patricia Latour, Alexandra Kollontaï, le féminisme, la révolution, l’amour et la liberté, Le Temps des cerises, 2017.
• Françoise Thébaud (dir.), Histoire des femmes en Occident, t. 5, Le XXe siècle. Paris, Pion, 1992.

Gabriel Péri (1902-1941) est un militant antifasciste et communiste. Dès le début de la 2de Guerre mondiale, il continue avec d’autres à faire vivre clandestinement le journal l’Humanité. En 1941, il achève l’écriture de Non, le nazisme, ce n’est pas le socialisme!, publié en 1942, 3 mois après sa mort. Il est arrêté sur dénonciation le 18 mai de la même année, et fusillé le 15 décembre, au Mont-Valérien, par les Allemands avec 74 autres otages. Son autobiographie, intitulée Les Lendemains qui chantent, est publiée en 1947 aux éditions sociales et préfacée par Louis Aragon.

En savoir plus:

• «Gabriel Péri: un esprit libre et lucide», Fondation Gabriel Péri.
• Alexandre Courban, Gabriel Péri, un homme politique, un député, un journaliste, La Dispute, 2011.
• Événement, «Gabriel Péri (1902-1941): journaliste, député, antifasciste», après-midi d’études à l’Assemblée nationale, le 15 décembre 2021.

Le Costa Rica. Depuis 2014, le pays est autosuffisant à plus de 98% en électricité renouvelable grâce à l’éolien, l’hydroélectricité, le solaire et la géothermie. Si ce pays d’Amérique centrale n’a jamais extrait de pétrole sur son territoire, le Danemark, lui, est l’un des principaux producteurs de gaz et de pétrole de l’Union européenne et fut longtemps fortement dépendant du charbon pour sa production d’électricité. Il dispose désormais d’un mix électrique dominé à 80% par les énergies renouvelables et a l’ambition de réduire, d’ici 2030, ses émissions de gaz à effet de serre de 70% par rapport au niveau de 1990. Ensemble, ces deux pays ont constitué en septembre 2021 la Boga, Beyond Oil and Gas Alliance (L’alliance au-delà du pétrole et du gaz) afin de mettre en œuvre des solutions concrètes pour atteindre les objectifs climatiques de réduction des gaz à effet de serre. L’alliance plaide ainsi pour ne plus délivrer de nouveaux permis d’exploration et d’exploitation pétrolière et gazière.

En savoir plus:

• Marie-Noëlle Bertrand, «COP26. À Glasgow, des pays tentent d’organiser la fin du pétrole», l’Humanité, 2 novembre 2021.
• «Pourquoi il est si difficile de se passer des énergies fossiles», Transitions & énergies, 2 novembre 2021
• Adrien Pécout, «Énergie: plus de 210 000 kilomètres de projets d’oléoducs ou gazoducs», Le Monde, 4 novembre 2021.

Villes-éponges. Elles sont pensées pour faire face aux événements météorologiques extrêmes et en particulier aux inondations. Elles cherchent à limiter la bétonisation, à développer des jardins pluviaux, des potagers et des parcs aquatiques urbains afin de recueillir les eaux de pluie et de fournir de multiples services écosystémiques (collecte, nettoyage de l’eau par filtrage naturel, stockage des eaux, reconstitution d’espaces de biodiversité). Ainsi, elles mettent en œuvre une gestion intégrée de l’eau qui réduit les impacts néfastes des eaux de pluie stagnantes, permet sa réutilisation pour l’approvisionnement de la ville et recharge les nappes phréatiques en sous-sol. Des solutions qui pourraient inspirer les villes côtières françaises comme Nice, Arles et Bordeaux, qui auront les pieds dans l’eau d’ici la fin du siècle si le réchauffement est de 3 à 4°C, ce à quoi nous conduit le rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre.

En savoir plus:

• Marie-Noëlle Bertrand, «Développement, aménagement, reboisement… des adaptations positives au dérèglement climatique», l’Humanité, 30 octobre 2021.
• Céline Deluzarche, «Comment ces 6 villes européennes se protègent contre les inondations», Futura Sciences, 13 octobre 2021.
• Mathilde Aupetit, «Les “villes éponges”: une station d’épuration naturelle?”», Mediaterre, 15 septembre 2020.

40% sont liées à l’agriculture, 35% aux énergies fossiles et 20% aux déchets. Le méthane, responsable de 25% du réchauffement climatique, est produit naturellement par la décomposition sans oxygène de matière organique dans les zones humides, et par les activités humaines. Dans le secteur agricole, l’élevage – avec le fumier, les flatulences et rots des ruminants (vaches et moutons) – est la première source de méthane (32% des émissions humaines). Pour les énergies fossiles, les fuites durant le transport ou l’extraction du pétrole et du gaz génèrent 23% des émissions humaines. Près de 90 pays ont ainsi signé un engagement à la COP 26 pour réduire les émissions de méthane, principalement en réparant les fuites dans les industries hydrocarbures. On trouve également du méthane dans les sols congelés de l’Arctique, le pergélisol et les profondeurs des océans. L’augmentation des températures pourrait donc conduire à leur libération dans l’atmosphère aggravant ainsi le réchauffement.

En savoir plus:

• Thomas Baïetto, «COP26: on vous explique ce qu’est le méthane, l’autre gaz à effet de serre qui réchauffe le climat», France info, 2 novembre 2021.
• Étienne Monin, «Pour réduire de 30% les émissions de méthane, une piste simple et efficace: “Détecter les fuites et les reboucher”», France info, 2 novembre 2021.

Les trois. Joséphine Baker (1906-1975), chanteuse d’origine afro-américaine née dans le Missouri, joua un rôle important dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale en travaillant pour le Deuxième bureau du service de renseignement de l’armée française. Elle se produit en France au début des années 1920 et connaît un succès considérable, notamment avec la fameuse (et condescendante) Revue nègre, spectacle musical créé en 1925 à Paris. Elle utilisera sa grande popularité pour lutter contre le racisme et pour l’émancipation des noirs en s’engageant notamment en faveur du mouvement américain des droits civiques de Martin Luther King Jr. Elle est entrée au Panthéon le 30 novembre 2021. Pour ses activités de résistante, elle a également été décorée de la médaille de la Résistance française et des insignes de chevalier de la Légion d’honneur et de la croix de guerre 1939-1945.

En savoir plus:

• Voir la fiche de Joséphine Baker dans le Maitron.
• Benoît Jourdain, «Entrée de Joséphine Baker au Panthéon: comment la star des années folles a combattu le nazisme durant la Seconde Guerre mondiale», Francetvinfo.fr, 29 nov. 2021.
• “Joséphine Baker (1906-1975), une artiste engagée”, un documentaire de Matthieu Garrigou-Lagrange, réalisé par Anne Sécheret (2012), à écouter sur France culture.
• Aurélien Soucheyre, «L’étincelante Joséphine Baker au Panthéon», L’Humanité, 30 nov. 2021.

En 1967, après 7 ans d’âpre bataille du Mouvement français pour le planning familial créé en 1960. Défendant la légalisation des moyens contraceptifs pour mettre fin aux avortements clandestins, ce mouvement crée des centres partout en région qui fournissent aux adhérentes des informations et des contraceptifs, contournant ainsi la loi de 1920 interdisant leur vente et leur publicité. À cette même époque, la médecine rompt son alliance avec la morale de l’Église catholique en développant des idées et des outils favorables à la vie sexuelle non reproductive. La pilule contraceptive est inventée en 1956 par le docteur américain Grégory Pincus. En France, la question de la contraception devient politique avec les campagnes électorales, notamment celle de 1965, durant laquelle François Mitterrand fait du contrôle des naissances un thème de campagne. La loi Neuwirth légalisant la contraception est promulguée le 28 décembre 1967, bien qu’elle reste limitée. La révolution sexuelle des années 1968 se nourrit de cette période.

En savoir plus:

• Justine Zeller, «Pour une histoire des sexualités: évolution des représentations et des luttes du XIXe siècle à nos jours», Silomag, n°13, septembre 2021.

Chimamanda Ngozi Achidie, écrivaine d’origine nigériane, qui vit aux États-Unis depuis plus de vingt ans, a prononcé la fameuse phrase en 2012 lors d’une conférence TED. Son premier roman L’Hibiscus pourpre (2003), récompensé par le Commonwealth Writers’ Prize, raconte l’histoire de Kambili, jeune Nigériane qui grandit avec un père très religieux socialement reconnu comme bon et généreux, mais violent avec sa famille. L’Autre Moitié du soleil (2006), sur la guerre du Biafra, a reçu Orange Prize for Fiction. Le roman Americanah (2013) sur le parcours d’une jeune fille noire émigrée aux États-Unis est adapté au cinéma. Plusieurs recueils dont le célèbre Nous sommes tous des féministes sont traduits en français.

En savoir plus:

• «Nous devrions tous être féministes», discours de Chimamanda Ngozi Adichie à la conférence TED, en vidéo sur YouTube
• Chimamanda Ngozi Adichie, «Écrire le chagrin après la mort d’un père», émission Littérature sans frontières, RFI, 6 nov. 2021 (29 min.)
• Chimamanda Ngozi Adichie, Nous sommes tous des féministes (We Should All Be Feminists), Albums Gallimard Jeunesse, 5 mars 2020

1985. Le certificat d’aptitude professionnelle (CAP) est créé en 1919 tandis que le brevet d’études professionnelles (BEP) est mis en place en 1967 et supprimé en 2020. La création du baccalauréat professionnel en 1985 s’inscrit dans l’objectif de mener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat à l’horizon des années 2000. La revalorisation escomptée de cette filière n’aura pas lieu. La réforme des lycées professionnels, impulsée par Jean-Michel Blanquer en 2019, renforce l’apprentissage en entreprise et la dépendance à un employeur, au détriment de la formation initiale au lycée.

En savoir plus:

• Dossier: «Le lycée professionnel au cœur des enjeux d’égalité», Carnets rouges, n° 23, octobre 2021.
• Julie Mandelbaum, Germain Filoche et Élise Boscherel, «La réforme des lycées professionnels: un enjeu de société», Silomag, n° 8, Hiver 2018-2019.
• Antoine Prost, «La création du baccalauréat professionnel. Histoire d’une décision», dans Gilles Moreau (dir.), Les patrons, l’État et la formation des jeunes, La Dispute, 2002, p. 95-111.

20 millions de dollars. De 2001 à 2009, les premiers voyages touristiques dans l’espace s’organisent autour d’un séjour en orbite dans la Station spatiale internationale et coûtent entre 20 et 35 millions de dollars. Ils permettent de financer une partie des activités de l’agence spatiale russe Roscomos, alors en situation de monopole pour le transport vers la Station. Au début des années 2020, une offre de vols suborbitaux dédiée au tourisme se développe. Ces vols de quelques heures dépassent la ligne Karman (la frontière entre la Terre et l’espace, située à 100 kilomètres d’altitude) avec une vitesse ne leur permettant pas de rester en orbite. Ils assurent aux passagers quelques minutes d’apesanteur. L’accès à ce bien de consommation ne concerne néanmoins qu’une infime minorité d’individus riches, et relève davantage d’un privilège social que d’un véritable secteur touristique. Virgin Galactic vend par exemple en 2021 des tickets à 450 000 dollars. En outre, l’expansion de cette industrie «extraterrestre» pose d’importants problèmes de pollution terrestre tant est considérable l’émission de CO2 nécessaire à la construction et à la propulsion des engins.

En savoir plus:

• Roland Lehoucq, Emmanuelle Rio, François Graner, «Tourisme spatial: quand les plaisirs de quelques-uns polluent la planète de tous», The Conversation, 24 septembre 2020
• Julie Patarin-Jossec, La fabrique de l’astronaute. Ethnographie terrestre de la station spatiale internationale, Éditions Petra, 2021.

5 000 tonnes. En 2019, le premier producteur mondial, la Chine, a produit 2,61 millions de tonnes de tabac. Ramené d’Amérique, le tabac se diffuse en Europe à partir du 16e siècle. En 1674, Colbert établit un monopole d’État. Les premières manufactures françaises apparaissent alors. Aboli à la Révolution, Napoléon rétablit ce monopole en fondant, en 1810, la régie des tabacs. En 1926, Raymond Poincaré crée la Société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes (la SEITA) qui sera privatisée en 1995. Après un long déclin de la filière de production amorcée dès les années 1950, la dernière usine de transformation du tabac française ferme en 2019. Le marché français du tabac est contrôlé par les quatre principales industries multinationales : Philip Morris International, British American Tobacco, Imperial Brands, Japan Tobacco.

En savoir plus:

• Observatoire français des drogues et des toxicomanies, Trente ans de politiques publiques de réduction du tabagisme (1991-2021), mai 2021, n°145
• Marc Kirsch, «La lutte contre le tabagisme: un cas d’école de la relation entre l’industrie, la science et l’État», La lettre du Collège de France, 2010, Hors-série 3, pp.111-129

TF1 et M6. Vincent Bolloré est propriétaire du groupe Vivendi (Canal+, Cnews, C8, Cstar). Il est devenu, en septembre 2021, actionnaire majoritaire de Lagardère qui possède le JDD, Paris Match et Europe 1. En lançant cette OPA sur Lagardère, Bolloré est également en mesure de s’emparer du groupe Hachette. Face à cette concentration inédite des médias et de l’édition, le gouvernement a commandé une mission de réflexion aux inspections générales des finances et des affaires culturelles. Mais, cette mission n’est pas publique et ne doit pas porter sur la régulation concurrentielle dans le secteur pour ne pas contrarier les projets de concentration, notamment celui de la fusion entre TF1 et M6. Les autorités politiques soutiennent en réalité la constitution de conglomérats qui entraînent une concentration dangereuse pour le pluralisme démocratique et la liberté de la presse. Les sénateurs socialistes ont proposé la création d’une commission d’enquête rappelant que la presse régionale n’est pas épargnée puisqu’elle est «désormais aux seules mains de cinq ou six acteurs – dont deux groupes bancaires – qui ont cassé le système pluraliste issu de la Libération».

En savoir plus:

• Laurent Mauduit, «Concert d’hypocrisies autour de la concentration des médias», Mediapart, 7 novembre 2021.
• Laurent Mauduit, Martine Dorange, «TF1-M6: une injustifiable concentration», Mediapart, 18 mai 2021.
• Julia Cagé : «Contre les médias Bolloré, il faut réagir vite!», Alternatives économiques, 4 novembre 2021.
• Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, «Comment Vincent Bolloré mobilise son empire médiatique pour peser sur la présidentielle», Le Monde, 16 novembre 2021.

Fidel Castro. Danielle Mitterrand (1924-2011) le convie à l’Élysée alors que le dirigeant cubain est officiellement invité à l’UNESCO. Première dame de France entre 1981 et 1995, elle s’investit dans le mouvement tiers-mondiste. Elle crée en 1986 la Fondation France-Libertés et soutient de nombreuses luttes révolutionnaires au Salvador, au Mexique et à Cuba notamment. Danielle Mitterrand s’engage également en faveur des Kurdes, des Tibétains, et contre l’apartheid en Afrique du Sud. Elle prend publiquement position pour le non lors du référendum sur le projet de texte constitutionnel européen en 2005.
Jiang Zemin est président de la République populaire de Chine de 1993 à 2003, tandis que Lê Đức Anh occupe la fonction de président de l’État de la République socialiste du Viet Nam entre 1992 et 1997.

En savoir plus:

• Fondation Danielle-Mitterrand France libertés, Danielle Mitterrand. Une vie de résistance, Éditions de l’Observatoire, nov. 2021.
• Michel Joly, «Danielle Mitterrand et les Kurdes: le rêve d’une Première dame», Hommes & migrations, 2014, n° 1307, pp. 134-135.
• Danielle Mitterrand, Le livre de ma mémoire, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2007 (Folio, 2009).

Leo Strauss (1899-1973). Philosophe juif allemand émigré aux États-Unis en 1937, il fonde sa critique radicale de la modernité politique sur le droit naturel. Il est un fervent détracteur de l’historicisme, du relativisme culturel et plus généralement des sciences sociales. Il prône un retour aux philosophes classiques. Certains de ses élèves occupent des postes dans l’administration de Georges Bush (Paul Wolfowitz, Francis Fukuyama, etc.) et travaillent à justifier leur croisade militaire impérialiste au Moyen-Orient, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, en revendiquant leur filiation intellectuelle à Leo Strauss.

En savoir plus:

• Brice Couturier, «Leo Strauss, phare bien involontaire des néo-conservateurs», émission Le tour du monde des idées, France culture, 2 février 2017.
• Anne Norton, Leo Strauss et la politique de l’empire américain, Denoël, 2006.
• Perry Anderson, Comment les États-Unis ont fait le monde à leur image. La politique étrangère américaine et ses penseurs, Agone, 2015, 312p.

Blob (Physarum polycephalum) en référence au film de science-fiction éponyme de 1958 avec Steve Mac Queen. Jaune, blanc, noir, gris marron, bleu, rose ou rouge, il ressemble parfois à une grosse éponge, à des lichens ou à des coraux. Vieux d’au moins 500 millions d’années, le blob défie les lois de la biologie et remet en cause ce que l’on croyait savoir sur l’intelligence en démontrant que l’on peut «apprendre» sans système cérébral. Il se nourrit de bactéries et de champignons et peut donc certainement sécréter des antibiotiques et des fongicides qui pourraient nous être utiles. Il peut également nous aider à comprendre comment se développent les tumeurs et a de forts pouvoirs de cicatrisation et de régénération. Il pourrait aussi servir à repérer des polluants et peut-être à les éliminer.

En savoir plus:

• «Le blob, un génie sans cerveau», Arte, 52 min, disponible du 16/06/2021 au 06/04/2022.
• «Derrière le blob, la recherche», une expérience de science participative du CNRS pour étudier les effets du changement climatique sur le blob, cnrs.fr, 20 oct. 2021.
• «Objet vivant non identifié: l’étrange blob sort du bois», Leblob.fr, 19 oct. 2019.

Les deux à la fois. Marx et Engels soulignent le caractère matérialiste de la théorie de Darwin construite sur des bases historico-naturelles et historico-sociales comme sur une conception du vivant qui démolit les conceptions téléologiques. Mais, ils critiquent la notion de sélection naturelle, ce qui semble reposer sur un malentendu selon l’analyse de Patrick Tort, spécialiste de Darwin qui revient sur les interprétations erronées faites de son œuvre. En effet, Darwin –principal contradicteur du «darwinisme social» – a toujours refusé de transposer sa théorie de la sélection naturelle à l’organisation de la société humaine qui n’est pas abordée dans L’origine des espèces (1859), mais dans un livre dédié: La Filiation de l’Homme (1871). Il y défend des thèses qui s’opposent diamétralement au dogme éliminationniste en soutenant que le principal moteur qui fait évoluer l’humanité n’est pas la sélection naturelle, mais les «instincts sociaux» qui visent à sauvegarder, à protéger et à assister les plus faibles.

En savoir plus:

• Dossier «Darwin Anthropologue» du numéro 407 de La Pensée, dirigé par Patrick Tort.
• Patrick Tort, Darwin et le darwinisme, Que sais-je ?, 2017.
• Luc Menapace, «Charles Darwin», Le blog Gallica, 24 juin 2021.
• Charles Darwin, La descendance de l’homme et la sélection sexuelle (trad. par Edmond Barbier), éd. C. Reinwald, 1891 (en ligne sur Gallica).

Un milliard de milliards. Les calculateurs exaflopiques constituent aujourd’hui la nouvelle frontière à franchir dans le monde de l’informatique. Un Exaflop est égal à 1018 flops (floating-point operations per second), l’unité de mesure de la puissance de calcul.
L’utilité de ces calculateurs est majeure dans les multiples domaines qui requièrent des puissances de calcul gigantesques: la recherche médicale s’agissant de l’analyse du génome ou de la mise au point de nouvelles molécules pour le traitement de maladies émergentes; la modélisation climatique; l’intelligence artificielle et de champs multiples de son application: les traitements de big data qui se déploient dans de nombreuses activités économiques, sociales ou scientifiques; ou encore les télécommunications. C’est aussi le cas, car il ne faut pas être naïfs, des applications militaires. Les États-Unis, la Chine, le Japon et l’Europe sont engagés dans une course effrénée pour développer ces machines révolutionnaires. La Chine vient de faire fuiter dans la presse spécialisée une information selon laquelle elle aurait mis au point un supercalculateur de 1,3 Exaflops (soit un milliard trois cent mille milliards d’opérations par seconde).

En savoir plus:

• Romain «Nemrod» Vandevelde, «La Chine possèderait les deux ordinateurs les plus puissants au monde», Tom’s guide, 28 octobre 2021.
• Alain Clapaud, «Supercalculateurs: l’Europe en quête de souveraineté», Industries&Technologies, 15 juin 2021.