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On aborde généralement la dépolitisation du syndicalisme à l’aune de l’érosion des liens entre les directions confédérales et les partis de gauche. Depuis les années 1990, l’indépendance vis-à-vis des partis et la prise de distance avec le champ politique se sont en effet imposées comme un dénominateur commun des discours et de l’action des principales organisations syndicales. Dans l’esprit des dirigeants confédéraux, l’obtention de compromis et d’avancées immédiatement favorables aux salariés serait désormais à rechercher du côté des dispositifs de la « démocratie sociale » (la négociation collective, le paritarisme), et ce indépendamment du contexte politique plus général. Cette réaffirmation confédérale d’une autonomie syndicale mérite toutefois d’être envisagée dans ses articulations avec les évolutions du rapport à l’action syndicale des militants « ordinaires » dans les entreprises et les administrations. C’est l’objectif de cet article, dans lequel Pierre Rouxel s’appuie sur une enquête comparative sur les mutations du syndicalisme dans l’industrie, menée notamment auprès de syndicats CGT de la métallurgie et du papier-carton.