Débats et alternatives

Cet espace vise à rendre compte du mouvement et de la confrontation des idées. Les contributions doivent permettre d’approfondir ou de présenter une thématique en lien avec une actualité politique, sociale, économique ou encore scientifique. À titre d’illustration, les contributeurs peuvent présenter une opinion argumentée, un état des lieux d’une question ou d’une recherche scientifique ou encore les enjeux d’une controverse.
Il existe des sous-rubriques qui peuvent varier en fonction des dossiers :
des repères afin de situer et d’éclairer la thématique (focus, chronologie, définitions, chiffres clés, etc.) ;
des pensées et pratiques alternatives car notre ambition ne se résume pas à décrire l’ordre des choses, mais également penser et faire connaitre des transformations progressistes;
des expériences étrangères afin de s’interroger sur les mouvements de convergences et de divergences entre les différents pays.

Le droit à la ville pour les femmes

L’occupation de la rue par les femmes ne va pas de soi. La division genrée de l’espace public procède de la division traditionnelle des activités sociales entre hommes et femmes. Corinne Luxembourg propose ici une réflexion sur cette logique d’assignation des places dans les villes entre hommes et femmes. L’espace exerce une contrainte et un contrôle sur les corps. A travers l’exemple de Gennevilliers, l’autrice montre comment une réflexion sur l’aménagement urbain peut améliorer les conditions de déplacement des femmes dans la ville.

La pratique du «pipi-sauvage» dans l’espace public parisien entre représentations et assignations de genre

Le besoin d’uriner fait partie des impondérables physiologiques qui s’imposent à tout être humain. Sa satisfaction dans des toilettes publiques ou dans la rue ne relève pourtant pas d’une même pratique pour les hommes et pour les femmes. En s’intéressant au « pipi sauvage » urbain, Sarah Bourcier Laskar interroge ainsi les inégalités genrées d’accès à l’espace public, les différences de jugements, de perceptions ou encore de faisabilité selon les sexes. Afin de corriger ces inégalités, une rénovation des équipements dans les toilettes publics pour les femmes s’avère nécessaire.

Le langage est politique! Pratiques et (contre)-mobilisations autour du langage non sexiste

Depuis la controverse initiée à l’automne 2017 sur l’« écriture inclusive », la question des inégalités de genre dans le langage a gagné en audience dans l’espace public. Si le débat a sans conteste contribué à faire la publicité du langage non sexiste, les discours pourfendant son usage en ont également véhiculé des représentations erronées. Dans cet article, Gwenaëlle Perrier revient sur la diversité des pratiques du langage non sexiste, explique combien la langue contribue à influencer nos représentations et montre comment les controverses autour de ce langage constituent un terrain d’expression des féminismes et en réaction, de l’antiféminisme.

Musiques actuelles, musiques masculines

Comme le sport, la musique a un genre. La prégnance d’un entre-soi masculin et l’exclusion corollaire des femmes dans l’économie des musiques actuelles en constituent un exemple saillant. Yves Raibaud montre ici comment des aides et des subventions publiques distribuées par des hommes profitent majoritairement à des groupes de musiciens hommes qui y trouvent une prime à la professionnalisation. Toute l’économie de ce secteur fonctionne par cooptation genrée et porte aujourd’hui une nouvelle génération de cultures masculines. L’auteur plaide ainsi pour une distribution plus égalitaire des ressources publiques dans un domaine d’activité professionnelle où les femmes sont pourtant plus nombreuses à investir les écoles de formation, mais bien moins nombreuses lorsqu’il s’agit d’accéder aux scènes de concert.

Ils osent le fer – Repasser pour l’Égalité

La liberté collective passe nécessairement par une égalité en droits et en faits entre hommes et femmes. De la prostitution aux corvées ménagères, le refus des inégalités entre les sexes incite ainsi des hommes à se mobiliser. Dans ce chapitre, extrait de son dernier livre, Florence Montreynaud met en scène des militants de Zeromacho, collectif d’hommes engagés contre le système prostitutionnel. Pour promouvoir l’égalité entre hommes et femmes, ils organisent des actions symboliques de rue, pour apprendre le repassage à d’autre hommes et les sensibiliser ainsi au partage plus juste des tâches ménagères.

Le moment contemporain du féminisme

Dans ce court extrait d’entretien, Christine Bard revient sur l’actualité des luttes féministes, pas si radicale qu’on se plaît à le ressasser (ou que d’autres le déplorent) au regard des mobilisations féministes passées, et souvent oubliées. Elle désapprouve notamment la cristallisation des médias sur les querelles qui divisent le mouvement féministe et fait l’éloge de la richesse des travaux américains qui ont pu nourrir, par leur importation, la recherche française.

À l’école du genre?

En se fondant sur ses propres recherches, Maire Duru-Bellat réinterroge les effets de la mixité scolaire. L’autrice montre notamment que la mixité a tendance à renforcer les stéréotypes genrés, notamment dans la construction identitaire des filles et des garçons. D’autant que les enseignant.e.s perpétuent cette division sexuée par l’attention différenciée qu’ils et elles leur accordent en classe. Elle plaide au final pour une éducation scolaire au non-genre, afin de défaire la bi-catégorisation rigide du monde entre le féminin et le masculin.

Répartition des rôles et construction identitaire genrée dans les établissements scolaires

L’occupation de l’espace, des différents lieux où s’organise le monde social, ne relève pas d’une même assignation pour les hommes et les femmes. Edith Maruéjouls explique dans cet article comment cette division spatiale genrée se construit dès l’école, dans la cour de récréation. L’occupation inégalitaire des espaces de jeux participe ainsi à renforcer les stéréotypes genrés entre filles et garçons, la hiérarchie des valeurs entre féminin et masculin, et les violences sexistes qui en découlent. Une réhabilitation des filles dans les espaces occupés majoritairement par les garçons, un partage plus égalitaire dans les jeux, davantage de mixité et d’interactions permettraient d’améliorer les relations entre eux et de prévenir harcèlement, insulte ou agression sexuelle.

Former les acteurs et actrices de l’éducation à une véritable égalité entre les filles et les garçons

La réussite scolaire des filles ne produit pas davantage d’égalité dans la société. Dans cet article, Annie Léchenet discute de la nécessité d’une formation des personnels de l’éducation à l’égalité filles-garçons. Sans en avoir véritablement conscience, ceux-ci risquent de valider et de reproduire les stéréotypes de sexe de la société. Des formations sont dorénavant largement inscrites dans l’institution scolaire. De la recherche d’égalité dans la mixité à la prise en compte de la dimension genrée dans les pratiques éducatives, la réflexion sur les pratiques éducative s’est considérablement enrichie. Mais un consensus apparent ne résout pas certaines questions politiques cruciales, et le débat sur le sens de ces formations demeure nécessaire.

Face aux impacts du Covid-19 sur l’emploi des femmes, l’impératif d’une relance féministe

Un an de pandémie a retardé de 36 ans, soit plus d’une génération, le temps nécessaire pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes. Pourtant, le constat fait en avril 2021 par le Forum économique mondial n’est pas une fatalité. Pour la Fondation des femmes qui a publié en mars 2021 l’étude L’impact du Covid-19 sur l’emploi des femmes, il est possible d’inverser la tendance et même, de profiter de ce nouvel élan économique pour faire reculer les inégalités entre femmes et hommes sur le marché du travail. À l’instar d’institutions, d’associations et d’économistes, la Fondation, par la voix de Margaux Collet, co-autrice de l’étude, plaide pour un plan de relance féministe.