Juin 20237 min

Le modèle économique dominant de l’industrie du textile. Il repose sur la surproduction et le renouvellement permanent des collections de vêtements à bas prix et de courte durée de vie. Développée à la fin des années 1990 et soutenue par les pouvoirs publics, la «mode du jetable» procède d’une exploitation de travailleurs pauvres par des multinationales (Zara, H&M, etc.) et suscite d’importants dégâts environnementaux : émission massive de gaz à effet de serre, pollution des cours d’eau et amoncellement de déchets non recyclés, notamment. En 2013 au Bangladesh, 1138 ouvriers et ouvrières ont perdu la vie dans l’effondrement de leur usine textile, sous-traitante de grands groupes internationaux de fast-fashion. Largement médiatisé, cet évènement n’a eu que peu de conséquences sur la transformation du modèle économique. Le lancinant appel à la responsabilisation du consommateur, incité à plus d’éthique, restera vain tant que les États n’imposeront pas aux entreprises de se confronter aux responsabilités qui pèsent sur elles.

En savoir plus:

• Nayla Ajaltouni, «Fast fashion: un modèle à bout de souffle?», Silomag, n°16, janvier 2023.
• Vidéo de la table ronde Besoins et consommation, Colloque «Ce que l’écologie fait à la gauche», Festival de l’écologie populaire, Saint-Denis, 2-3 juin 2023.
• Collectif Éthique sur l’étiquette, Le coût du RESPECT selon ZARA, Rapport 2019.
• «L’impact de la mode: drame social, sanitaire et environnemental», Oxfam France, 24 septembre 2020.

2009. Créé en 2001 par l’économiste britannique Jim O’Neill (rapport de la banque d’investissement Goldman Sachs, Building Better Global Economic BRICs), l’acronyme BRICs désigne les 4 économies émergentes d’alors (Brésil, Russie, Inde et Chine) ayant pour traits communs une population nombreuse, une vaste superficie, d’importantes ressources naturelles (minerais, énergie, forêts, agriculture, pêche…), une classe moyenne naissante, une croissance élevée, une insertion rapide dans les circuits économiques mondiaux. Les différences entre pays en font tout de même un groupe assez hétérogène. Le premier sommet a lieu en Russie en 2009. L’Afrique du Sud adhère au club lors du sommet de 2011. Aujourd’hui, la contribution des BRICS au PIB mondial dépasse celle des États du G7 et leur démographie représente plus de 40% de la population mondiale. La demande d’adhésion de 19 pays d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et du Moyen-Orient sera étudiée lors du prochain sommet en août 2023. En se dotant en 2014 d’une banque, la Nouvelle banque de développement, dont le siège est en Chine, les BRICS veulent contrecarrer l’hégémonie du dollar et les institutions financières issues des accords de Bretton Woods, pour financer leur développement et instituer un nouvel ordre économique et politique mondial multilatéral.

En savoir plus:

• Clotilde Mathieu, Lina Sankari, «Brics contre G7: décryptage d’un bras de fer géopolitique», l’Humanité, 19 mai 2023.
• Entretien réalisé par Lina Sankari, «Julien Vercueil, économiste : “Une vision alternative à l’ordre du monde”», l’Humanité, 19 mai 2023.
• Romain Chanson, «L’Afrique du Sud veut avancer sur l’épineux dossier de l’élargissement des BRICS», RFI, 02 juin 2023.

49,2 milliards de chiffre d’affaires selon le Ministère de la Culture. Les aides, investissements et subventions dans ce secteur représentent, chaque année, un budget de 17 milliards dont presque la moitié est apportée par les collectivités territoriales permettant ainsi le développement de la culture aux différents échelons territoriaux. C’est d’autant plus étonnant d’apprendre la décision récente du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, présidé par Laurent Wauquiez, de diminuer drastiquement des subventions culturelles à plusieurs établissements. Cette coupe budgétaire arrive après une période spécialement difficile due à la Covid. Plusieurs établissements culturels de la région sont mis en danger dont le festival international de Clermont-Ferrand, surnommé le Cannes du court métrage, qui s’est vu supprimer plus de la moitié de la subvention (100 000 euros en 2023 contre 210 000 euros en 2022). Pourtant, selon Sauve qui peut le court métrage, l’association qui l’organise, ce festival génère 11 millions d’euros de retombées économiques directes (écosystème cinématographique, restaurants, hôtellerie, commerçants, etc.). Une quinzaine d’établissements lyonnais dont l’Opéra et la Biennale d’art contemporain sont également concernés par ces coupes budgétaires. Sans justification, ces décisions apparaissent comme une instrumentalisation de la culture à des fins politiques et comme des moyens de pression, ce qui est particulièrement inquiétant.

En savoir plus:

• Michaël Mélinard, «Coupe de la subvention du festival de Clermont-Ferrand: une “guillotine politique” de la part de Wauquiez?», L’Humanité, 14 mai 2023.
• Richard Schittly, «Laurent Wauquiez diminue des subventions culturelles à Lyon, le maire de la ville dénonce “un exécutif d’extrême droite”», Le Monde, 18 mai 2023.
• À propos du financement de la culture sur le site du Ministère de la Culture.

De 90 à 140 € net mensuels. L’accord salarial pour 2023 – signé par les syndicats majoritaires, FO et la CFTC mais pas par la CGT – ne concédait qu’une prime de 650 euros, 115 euros de plus de prime repas et une journée déménagement. Même les salariées qui travaillent depuis près de 20 ans dans l’entreprise touchaient à peine plus du SMIC si ce n’est moins, ce dernier étant indexé sur l’inflation contrairement aux salaires des travailleuses de Vertbaudet. Soutenues par des leaders politiques et syndicaux, les grévistes ont mis en avant l’importance des augmentations de salaire qui seules comptent dans le calcul de la retraite, à la différence des primes et ont poursuivi leur lutte malgré les violences et intimidations. Elles revendiquaient 150 euros net d’augmentation par mois. En plus de la refonte complète de la grille salariale pour mieux reconnaître les compétences et l’ancienneté, cette lutte a également permis l’embauche de 30 personnes qui travaillaient en Intérim. Par ailleurs, l’accord de fin de conflit prévoit qu’aucune sanction ne sera prise contre les grévistes, y compris contre celles qui ont été convoquées pour des entretiens préliminaires à licenciement, et le versement aux grévistes du 13e mois sans déduction des jours de grève. Devenue un symbole, cette mobilisation encourage toutes les luttes à venir pour les augmentations de salaire.

En savoir plus:

• Stéphane Guérard, «Vertbaudet: victoire pour les grévistes, la fin d’une lutte sociale exemplaire», L’Humanité, 2 juin 2023.
• Yunnes Abzouz, «Vertbaudet: fin de la grève, la CGT revendique la victoire», Mediapart, 2 juin 2023.
• Aline Leclerc, «La grève à Vertbaudet débouche sur une revalorisation des salaires: “On va retourner travailler la tête haute”», Le Monde, 3 juin 2023.

L’abrogation de la loi fixant le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et la majoration de la taxe sur les tabacs! L’article 1 abroge la loi du 14 avril 2023 qui recule l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Un deuxième article précise que cette mesure sera financée par l’augmentation de la taxe – l’accise – sur les tabacs. En effet, pour que la proposition de loi soit recevable conformément à l’article 40 Constitution, elle ne doit pas comporter de dépenses supplémentaires. C’est pourquoi les auteurs de la proposition de loi ont précisé que la « perte des recettes » entraînée par le maintien de l’âge légal à 62 ans serait compensée par cette majoration de la taxe sur les tabacs. Le gouvernement et le groupe parlementaire Renaissance – macronien – cherchent à éviter, par tous les moyens, un vote des députés sur le recul de l’âge légal. Le risque d’être mis en minorité à l’Assemblée nationale est réel. Un tel désaveu du pouvoir par la représentation nationale renforcerait la légitimité de l’opposition à la réforme – même si le projet était rejeté par le Sénat. D’où la menace de l’invocation de l’article 40 de la Constitution pour empêcher l’examen de la proposition de loi d’abrogation. Après le recours à onze reprises de l’article 49 al. 3 de la Constitution par le gouvernement Borne, l’usage de l’article 40, après le vote en commission de la suppression de l’article 1 et le refus de discuter les sous-amendements déposés par la NUPES, aggrave encore la crise démocratique. Il justifie le procès en illégitimité, et aiguise les frustrations et les colères. D’où l’importance de la réussite de la journée de mobilisation du 6 juin, organisée à deux jours du vote à l’appel de l’intersyndicale, et les mobilisations partout dans le pays pour mettre les députés devant leurs responsabilités face à une réforme massivement rejetée.

En savoir plus:

• Voir la Proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites portant l’âge légal de départ à 64 ans, présentée Bertrand Pancher à l’Assemblée nationale le 25 avril 2023.
• «La proposition de loi Liot pour abroger la réforme des retraites est-elle contraire à la Constitution, comme l’affirme le gouvernement?», France info, 24 mai 23.
• «Réforme des retraites: les députés rejettent le projet d’abrogation en commission», Les Echos, 31 mai 2023.
• Élodie Forêt, Noémie Lair, «Retraites: cinq questions sur l’article 40, envisagé par la majorité pour contrer la proposition de loi Liot», France Inter, 20 mai 2023.

Le point de l’océan le plus éloigné de toute terre émergée. Ce point est situé dans le Pacifique Sud. Il est également appelé pôle maritime d’inaccessibilité. Il est au centre d’une zone maritime déserte de 22 millions de km2 soit 1,5 fois la superficie de la Russie et plus de 2 fois celle des États-Unis. Les terres émergées les plus proches sont situées à 2 688 km. Il s’agit de l’île Ducie (une des îles Pitcairn), de Motu Nui proche de l’île de Pâques, de l’île Maher au large de l’antarctique. L’Australie est à 2778 km, le sud du Chili à 3775 km.
Ce point a été nommé ainsi en hommage au personnage de Jules Vernes. De surcroît, nemo veut dire personne en latin.
Le point Nemo est particulièrement redouté des navigateurs, par exemple ceux du Vendée Globe, car en cas d’avarie les secours ont besoin de plusieurs jours pour arriver sur place. Par ailleurs, cette zone est devenue une sorte de cimetière pour les engins spatiaux près de 300 d’entre eux y ont été envoyés dont le Sky lab américain et la station russe Mir. Il est prévu que la station spatiale internationale (ISS) s’y abime en 2031. Mais, ses dimensions et son poids font craindre qu’elle ne provoque une vague immense qui pourrait avoir des conséquences lourdes sur les terres pourtant lointaines qui entourent la zone.

En savoir plus:

• Pauline Brault, «Espace: L’ISS va s’écraser dans un cimetière océanique en 2031», Huffington Post, 03 février 2022.
• José Manuel Abad Liñán, «Le tour du monde des lieux où disparaître», Courrier international, 28 octobre 2016.
• «Le point Nemo, gigantesque cimetière des vaisseaux spatiaux caché au fond du Pacifique», Ouest France, 02 avril 2018.