aliénation
La notion de « société de consommation » s’est imposée avec une telle évidence qu’on en interroge rarement le sens. Elaborée dans les années 1960 par des intellectuels critiques, marxistes hétérodoxes, elle engage la représentation d’un consommateur nécessairement aliéné par la perpétuelle recherche de satisfaction de besoins artificiels, antithèse de l’agent économique libre, souverain et bien informé, défendu par les intellectuels libéraux qui promeuvent la démocratie par la société de marché. Dans cet article, Louis Pinto revient sur l’histoire des luttes symboliques et des cécités croisées qui ont participé à forger la figure du consommateur, invention contemporaine stabilisée et aujourd’hui consacrée dans sa version libérale par le droit.
Face aux carences de l’État et du marché concurrentiel, des formes d’auto-organisation ont été développées dans nombre de secteurs pour répondre aux besoins liés à la pandémie. En s’appuyant sur l’exemple emblématique des personnels hospitaliers, Guy Carassus montre comment l’auto-organisation rend possible des prises de conscience des ressources insoupçonnées que recèlent les collectifs de travail et des limites qui viennent les restreindre. Dans une période où sont mises en débat des propositions pour concevoir « un autre monde », il insiste sur l’importance de faire de l’acquisition de nouveaux droits d’intervention et de décision dans les affaires de l’entreprise et de la cité la condition d’une transformation en profondeur de notre société.
Pour définir « le travail », c’est l’ensemble des rapports sociaux que nous devons saisir et questionner. Et, autour de la thèse de la « centralité du travail », se posent des questions décisives pour comprendre et transformer la société. A l’heure où les frontières séparant travail et non-travail semblent devenir toujours plus indistinctes, définir le travail constitue plus que jamais un enjeu politique de première importance.