déficit

«La politique doit reprendre ses droits sur les forces financières et sur la production de richesses»

Entretien avec Pierre Dharréville.
Alors qu’elle est la plus grande invention sociale du XXe siècle, la Sécurité sociale est mise à mal par des injonctions d’ordre financier. Entre la pression du patronat pour l’augmentation de la CSG, la progressive diminution des cotisations et la pression d’une dette largement fabriquée, la question de la réponse aux besoins peine à s’imposer dans le débat politique. L’amenuisement des moyens et la multiplication des fermetures d’établissements accroissent la souffrance au travail des soignants et empêchent de faire face convenablement aux défis sanitaires. Le diagnostic est pourtant simple : on consacre une part trop faible des richesses produites à notre santé. Pierre Dharréville veut faire porter la voix de celles et ceux « qui ont besoin d’une sécurité sociale forte et solidaire », et appelle à une appropriation sociale de cet enjeu majeur.

Dette et dépenses extraordinaires après la première Guerre mondiale

Dans le contexte de l’après-guerre, la droite au pouvoir a fait campagne sur le thème « l’Allemagne paiera ». Ce mot d’ordre explique la manière de présenter les finances publiques par les différents ministres des Finances qui se succèdent dans les différents gouvernements dits de Bloc national de 1919 à 1924.

Sortir la dette des marchés financiers

Résultat de choix politiques, l’existence du marché de la dette publique est un élément fondamental de la domination des marchés financiers devenus arbitres des équilibres budgétaires dans les pays de l’Union européenne. Il est nécessaire de sortir de cette emprise et de faire de la politique monétaire l’objet de débats et de décisions démocratiques.

La hausse des dettes publiques: une résultante des politiques néolibérales

Contrairement à ce qu’affirme la théorie orthodoxe, la baisse de la dépense publique conduit à une aggravation de l’endettement public en raison de l’existence du multiplicateur budgétaire. Au lieu d’être érigée en préalable, la réduction de cet endettement ne peut être que le résultat d’une politique de progrès social.

La dette publique, quelle stratégie?

Loin d’être un problème qui serait spécifiquement français, les déficits publics sont la norme dans les pays développés et sont légitimes pour financer les investissements publics et soutenir l’activité. Induisant des déséquilibres structurels, le capitalisme financier est le premier responsable du gonflement de la dette. Il est donc vain de chercher à la réduire sans remédier à ces déséquilibres.