extrême droite
Avec ses 150 millions d’euros sur la table, le plan Périclès de Pierre-Edouard Stérin, visant à réaliser une union des droites extrêmes et à la faire gagner dans les têtes comme dans les urnes, est bien connu désormais, un an et demi après sa révélation par Thomas Lemahieu dans L’Humanité. Mais le milliardaire catholique identitaire, exilé fiscal en Belgique, ne se contente pas de ça… Il met également la main à la fois sur les fêtes populaires et sur tout le secteur du divertissement immersif dont fait partie la réalité augmentée, le «medium de l’engagement absolu».
Une bataille d’hégémonie culturelle planétaire se joue actuellement en France, en Europe et dans le monde, entre d’un côté les forces et les idées d’émancipation, et de l’autre celles de forces ultraréactionnaires. Dans le bain et le matraquage médiatiques dominants s’efface la frontière entre le vrai et le faux, minant la libre délibération démocratique.
Hier, on pouvait accuser les milliardaires de faire main basse sur l’information. Aujourd’hui, ils contrôlent tous les principaux médias et les affrontements idéologiques se sont exacerbés. Leur contrôle de think tanks puissants, agents de propagation idéologique, et leur domination sur les plateformes numériques les placent dans une position de domination médiatique inédite.
La manière dont certains médias «traditionnels» contribuent à l’extrême droitisation du champ journalistique est moins étudiée. C’est ce à quoi s’emploie Pauline Perrenot d’ACRIMED dans cet article, en montrant que cette hybridation des droites médiatiques s’est opérée via le sacrifice de l’information au profit de l’éditorialisme.
Parmi les effets de la concentration politique des médias français on peut relever la manière dont un certain nombre de chaînes comme CNews se font le relais de la nébuleuse identitaire. Or celle-ci a particulièrement profité du buzz et du bruit médiatique accompagnant la surmédiatisation réactionnaire ambiante. Samuel Bouron, auteur de Politiser la haine. La bataille culturelle de l’extrême droite identitaire (La Dispute, 2025) nous montre comment l’extrême droite identitaire utilise cette stratégie du buzz pour politiser les affects à droite.
Aux fake news qui envahiraient nos existences sont attribuées toutes sortes de conséquences politiques graves, et, parmi elles, la montée et les succès des idéologies d’extrême droite. Mais à laisser penser que c’est un lien de causalité parfaitement mécanique qui lie prolifération des fake news et extrême droitisation de nos sociétés, on prend le risque de ne savoir lutter efficacement ni contre l’une ni contre l’autre.
En complément de l’article d’Ysé Vauchez dans ce dossier, voici un entretien avec Thomas Huchon, journaliste spécialiste des fake news. Ces dernières apparaissent comme une dégénérescence contemporaine du débat public en lien avec la progression de l’extrême droite. Mais quels sont les mécanismes qui lient les deux dynamiques ? En France, il apparaît que l’extrême droite a su investir avant les autres le web et les algorithmes. Les réseaux sociaux amplifient ces «infox», tandis que les médias traditionnels, malgré leurs failles, restent des remparts relatifs.
Alors que les relations entre syndicats et partis de gauche français se sont fortement distendues, l’adhésion syndicale est-elle pour autant devenue neutre politiquement ? Comme le montre en réalité à nouveau une enquête électorale réalisée eu moment des élections législatives de 2024, l’adhésion syndicale reste associée à une plus forte propension à participer aux élections et à voter à gauche. Les résultats de cette enquête, présentés par Tristan Haute dans cet article, témoignent cependant aussi de la pénétration du vote pour l’extrême droite et de son idéologie jusque dans les rangs syndicaux, soulignant l’urgence de repolitiser le sens de l’action syndicale.




