En augmentation au Cameroun, les violences basées sur le genre ont de multiples causes socioculturelles, politiques, juridiques, sécuritaires et socioéconomiques. Militante de la lutte pour les droits des femmes et contre ces violences, Michèle Abé revient sur les difficultés du combat pour l’émancipation féminine dans une société où les femmes sont encore profondément marginalisées. L’association Citoyen pour la mémoire du Cameroun s’investit à leurs côtés pour qu’elles puissent s’affirmer, s’organiser, faire respecter leurs droits et ainsi enclencher un changement des mentalités.
Depuis quatre ans, la dénonciation des violences sexuelles a pris une ampleur mondiale avec les mouvements Metoo et MetooInceste. Il n’est désormais plus possible pour les gouvernements de faire fi d’un problème dont on voit mieux la portée considérable grâce l’éruption publique de multiples témoignages de victimes. Et pourtant, en France, la réponse politique se solde par une intense communication de la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, sans réelle traduction budgétaire. En s’appuyant sur de nombreux rapports d’étude, Hélène Bidard montre les conséquences néfastes des politiques d’austérité financière dans les services publics sur la non prise en charge des victimes de violences sexuelles, femmes et enfants. D’autant que les effets particulièrement délétères des confinements successifs viennent rappeler l’urgence de mette en œuvre une politique publique véritablement ambitieuse.
Les mobilisations de femmes dans les années 1970 ont posé les bases d’un combat contre les violences conjugales, en développant un réseau de lieux d’accueil et d’hébergement fondés sur des principes de fonctionnement féministes. Mais c’est à partir du mouvement #Me Too que s’effectue une prise de conscience de ces violences spécifiques, notamment des « féminicides ». Dans cet article, Annie Léchenet revient sur les mesures politiques contrastées mises en œuvre pour endiguer ce phénomène social dont la responsabilité incombe à la société, à ses rapports sociaux et ses pouvoirs publics. L’augmentation des places d’hébergement depuis 2017 ne doit pas escamoter la stagnation dans l’insuffisance des subventions allouées aux associations, en première ligne dans ce combat. La lutte contre les violences conjugales nécessite en outre de solides réflexions et actions de prévention, notamment éducatives, qui restent encore à développer.
Le décalage entre l’étendue des violences sexuelles intrafamiliales et la modicité de la réponse politique interroge. Le mouvement #Metooinceste vient pourtant de rappeler l’ampleur d’un problème qui s’enracine dans les rapports de domination de l’ordre patriarcal. Véritable enjeu de santé publique, les maltraitances sexuelles à l’égard des enfants se perpétuent à mesure qu’ils restent impunis. Mié Kohiyama plaide ainsi pour une nécessaire reconnaissance législative de l’amnésie traumatique ainsi que pour l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineur.e.s, ce qui renforcerait la possibilité pour les victimes d’obtenir réparation de leur préjudice.
L’explosion mondiale de témoignages publics de femmes ayant subi des violences sexuelles constitue sans aucun doute l’un des faits les plus marquants des cinq dernières années. Dans le sillage du mouvement MeToo, de nombreuses voix, anonymes pour la plupart, se sont élevées pour dénoncer harcèlements, viols et féminicides. Christine Bard discute ici des précédents de cette prise de parole féminine, amplifiée par les réseaux sociaux, en la restituant dans l’histoire des luttes féministes. La question du viol suscite dès la fin des années 1970 une mobilisation pour sa criminalisation et la levée du tabou qui l’entoure. Depuis, cette réalité, désormais mieux informée par la recherche, est devenue, pour beaucoup, inacceptable. L’ampleur du mouvement actuel semble bien indiquer un profond changement des mentalités.