Josiane Boutet

Professeure émérite Paris-Sorbonne, directrice de la revue Langage et Société

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Entreprise, un mot des salariés ou un mot du patronat?

En deux siècles, le mot « entreprise » a été accaparé par la sphère économique en réduisant son sens à une organisation sociale de production. Retour sur cette évolution et interrogations sur la montée et la popularisation non critiques du mot « entreprise » au singulier alors même que les entreprises réelles sont diverses socialement, géographiquement et économiquement.

Les vieux et les vieilles: du mépris au retournement du stigmate

Les mots que nous employons quotidiennement ont une valeur – et parfois une charge – symbolique et sociale. Ils ne définissent pas seulement l’objet qu’ils désignent, mais aussi l’état de la société dans laquelle ils sont utilisés. C’est ce qu’analyse ici Josiane Boutet à propos de nos « vieux » et « vieilles ». Ces mots ont bien souvent une connotation négative obligeant à des contournements sémantiques. Mais de plus en plus nombreux sont ceux qui se réapproprient leur usage pour en faire des symboles de leur fierté.

Des «élèves» ou des «publics scolaires»?

L’expression « public scolaire » est de plus en plus utilisée en lieu et place du terme d’« élèves ». En revenant sur le sens conventionnel de cette expression qui renvoie à l’idée de destinataire et de spectateur, Josiane Boutet interroge cette évolution sémantique.

Des cotisations sociales aux charges sociales

Les mots « cotisations » et « charges » ont, dans la langue française, des sens opposés. Pourtant, les expressions « cotisations sociales » et « charges sociales » sont devenues équivalentes dans le langage courant. Josiane Boutet revient sur cette évolution sémantique. Elle interroge les différentes conceptions que sous-tendent ces expressions et la manière dont elles façonnent notre perception de la réalité.

De quoi «crise» est-il le mot?

Le mot « crise » est omniprésent dans le discours des politiques, ainsi que dans les média et chez les commentateurs politiques. Mais quel est son origine ? Comment est-il devenu un mot « trop gros », c’est-à-dire un mot « fourre-tout » dans lequel chacun met ce qu’il a envie d’entendre, un mot qui devient le symptôme d’une pensée accélérée, ne prenant plus le temps de l’analyse ?

«Le système»

La dernière campagne présidentielle aura été ponctuée par l’emploi à tout-va de l’expression « le système », par nombre de candidats. Que recouvre cette expression ? Il semble qu’il y ait un intérêt partagé à conserver un flou autour de cette expression, à la laisser être interprétée par chacun selon ses affinités politiques.

La «post-vérité». Brecht, au secours!

Les « alternative facts » et les « fake news » se situent dans le registre de la propagande. Ils portent ainsi atteinte à l’argumentation politique et au débat d’idées qui sont à la base d’un régime démocratique. Comme Bertolt Brecht le préconisait, il est nécessaire de « lessiver les mots », c’est-à-dire de leur redonner leur sens réel et non celui que le pouvoir veut leur donner. Ce travail de « lessivage » est une action éminemment politique.

Est-il présidentiable?

Découlant du pouvoir présidentiel de la V° République, le mot « présidentiable » s’est imposé dans notre vocabulaire sans que nous en ayons conscience. Le terme est ambigu. Il renvoie aussi bien à la volonté d’être candidat qu’aux compétences supposées nécessaires pour exercer la fonction. Retour sur le sens d’un mot.