Information, conflits de perceptions et pouvoir d’agir

La réalité politique nationale et l’espace-temps numérique mondial constituent deux cadres d’existence dans lesquels nous évoluons simultanément et qui entrent en confrontation. Or, si les potentialités émancipatrices existent, la reproduction de formes de domination et d’inégalités est aujourd’hui au cœur de l’information qui prend une place centrale dans ces deux espaces. Julien Chandelier nous invite ainsi à regarder en face la réalité du pouvoir et interroge notre capacité à agir à l’intérieur de ces mondes contradictoires.

«Un coup d’avance?»: des mobilisations anticolonialistes face au Covid-19

Onze ans après la grève générale de 2009, la crise du Covid-19 donne l’occasion aux syndicats de pointer à nouveau du doigt la responsabilité de l’État en formulant une critique anticolonialiste et anticapitaliste qui n’est pas sans faire échos aux inquiétudes de la population. Pierre Odin revient sur les différences manifestes de traitement entre l’hexagone et les Outre-mer ainsi que sur la volonté stratégique des syndicats de construire un contre-pouvoir durable et les conditions politiques d’une réappropriation collective des enjeux.

Comment abolir la propriété dominante en deux principes et trois exemples

S’il existe une propriété d’usage qui est une propriété utile, la propriété dominante est l’un des plus terribles outils de l’asservissement et donc un important obstacle à la démocratisation de la société. Pour conserver la première et abolir la seconde, Emmanuel Dockès a dégagé deux principes directeurs : accorder la propriété à celui ou ceux qui ont l’utilité directe de la chose et imaginer une propriété fondante, c’est-à-dire qui perd constamment un peu de valeur.

Syndicats: de la démocratie sociale au pouvoir économique

Depuis quarante ans, le syndicalisme a démontré ses capacités à contester les décisions du patronat et de l’État et à proposer des pratiques alternatives, aussi bien économiques que démocratiques. Guillaume Gourgues et Maxime Quijoux reviennent sur cette histoire et sur la tendance actuelle à l’affaiblissement des organisations syndicales. Ils ouvrent des pistes pour construire une « capacité de réappropriation salariale » permettant de rééquilibrer le rapport de force entre le bloc patronal et les collectifs de travail et d’implanter une véritable démocratie dans l’entreprise.

Sensible, difficile et exigeante citoyenneté en dehors du vote

Dans un contexte de profonde défiance pour la représentation, les actions collectives contemporaines témoignent d’un retour des classes populaires dans l’espace politique. Revendiquant un droit participatif affranchi de la tutelle institutionnelle, des collectifs citoyens construisent des représentations collectives et des définitions politiques des problèmes et des injustices subis tout en développant une philosophie de la vie en commun. S’appuyant sur ses enquêtes, Myriam Bachir revient sur la légitimité et les apports de cet empowerment.

Quand le numérique révolutionne l’action politique et la conquête du pouvoir

La révolution numérique bouleverse la manière de faire de la politique, les processus et lieux de politisation comme la construction des représentations et des opinions. Yann Le Pollotec revient sur les potentialités démocratiques et politiques des outils numériques tout en soulignant leurs limites à dépasser. Il insiste sur l’importance pour les militants et leur organisation de mener une stratégie numérique globale visant la conquête d’une hégémonie culturelle, condition nécessaire à une prise du pouvoir.

L’urgence d’une nouvelle ère démocratique

À l’encontre des dérives autoritaires et du discrédit de la politique, de fortes aspirations existent partout dans le monde pour des formes nouvelles de démocratie participative et d’intervention directe. Ce dossier vise à explorer les voies qui permettraient aux populations de peser effectivement dans les processus de prises de décisions tant dans la Cité que dans le monde économique et donc dans l’entreprise.

L’héritage du «gouvernement représentatif» et ses obstacles à une démocratisation des régimes politiques

Élection, mandat non impératif, liberté d’expression et délibération sont des principes constitutifs de la notion de « gouvernement représentatif ». Tout en explicitant leur contenu historique, Paul Alliès déconstruit ici ces quatre principes normatifs qui correspondent à des croyances partagées aussi bien par les populations que par le personnel politique. Même s’ils se vident aujourd’hui de leur substance, ces principes constituent toujours d’importants obstacles à la démocratisation du pouvoir.

La professionnalisation politique et la démocratie

Si la professionnalisation de la vie politique a historiquement favorisé une certaine diversification du recrutement du personnel politique, elle a aussi entraîné une monopolisation et une autonomisation des activités politiques par ceux qui embrassent cette carrière. Les expériences de démocratie participative ne remettent pas fondamentalement en question la domination de ces professionnels spécialisés. Daniel Gaxie revient sur les contradictions entre la professionnalisation politique et le principe affiché « du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

La démocratie participative: une professionnalisation sans démocratisation

Depuis plus d’une vingtaine d’années, la participation des citoyens est présentée comme une nouvelle norme de l’action publique, notamment locale, supposément destinée à répondre à la « crise » démocratique. Dans les faits, s’il est indéniable que la démocratie participative s’est professionnalisée, celle-ci n’a pas véritablement contribué à démocratiser l’action publique. Alice Mazeaud revient sur l’institutionnalisation de ce standard de l’action publique qui n’a contrarié qu’à la marge les tendances lourdes de l’ordre politico-économique local.