Dans le chapitre, « Lost in translation ? Black feminism, intersectionnalité et justice sociale », de l’ouvrage L’intersectionnalité ; enjeux théoriques et politiques, Patricia Hill Collins, sociologue afro-américaine spécialiste du Black Feminism, revient sur l’ancrage de l’intersectionnalité dans l’action politique des mouvements sociaux des années 1960 et 1970 pour expliquer comment les activistes ont aidé à sa légitimation et à forger ses ambitions dans le champ universitaire…
Publié en 2016, l’ouvrage dirigé par Farinaz Fassa, Eléonore Lépinard, Marta Roca I Escoda, L’intersectionnalité ; enjeux théoriques et politiques, fait référence pour comprendre la genèse politique du concept, les débats et controverses auxquels il donne lieu de part et d’autre de l’atlantique.
Au-delà de la panique morale de la droite à l’égard de l’intersectionnalité, la notion fait polémique à gauche où elle a tracé une ligne de clivage entre les tenants d’un « class first » d’une part, et les partisans d’une équivalence des formes de dominations autonomisées et essentialisées. Salomé Bouché-Frati déconfine ici le débat par une lecture marxiste du lien organique entre les rapports sociaux de classe, de sexe et de race.
Si les difficultés du mouvement ouvrier depuis la contre-révolution néolibérale ont pu permettre aux discours identifiant comme rivaux les luttes pour les droits civils et sociaux de rencontrer un certain écho, l’histoire des combats féministes nous indiquent que loin d’être concurrents, ils ont été intimement liés à la théorie et pratique politiques socialistes…
Pour caractériser le racisme et mettre l’accent non plus seulement sur le racisme comme idéologie structurée mais comme phénomène social produisant des inégalités de résultats, les notions de « racisme systémique », « racisme institutionnel » ou encore « racisme structurel » ont fait leur apparition dans le débat public.
Les critiques de la domination sociale sont traversées depuis les années 1980 par une tendance à produire une lecture autonomisée des formes d’oppression. Depuis la sociologie des nouveaux mouvements sociaux (Alain Touraine) jusqu’à la théorie politique post-marxiste (Chantal Mouffe et Ernesto Laclau), la structure de classe cède peu à peu le pas au primat de la conflictualité, d’un antagonisme qui s’extirperait du champ de la production.
En rappelant que la complexité et l’intrication des dominations ont été analysées dès le 19e et le début du 20e siècle par les auteurs et autrices marxistes, communistes et socialistes, Florian Gulli interroge les apports réels de l’intersectionnalité dans la compréhension des rapports sociaux et leur transformation.
Le débat public a vu ces dernières années apparaître les notions de « racisme structurel » ou « systémique », mises en avant pour mettre l’accent sur les dimensions collectives du racisme comme conséquences hiérarchisantes du fonctionnement concret d’institutions et de configurations qu’elles rendent possibles…
Pour ses détracteurs, le terme décolonial sert un combat militant mené par un mouvement héritier de la déconstruction, qui entend lutter contre les inégalités en assignant chaque personne à une identité de race ou de genre…