Débats et alternatives

Cet espace vise à rendre compte du mouvement et de la confrontation des idées. Les contributions doivent permettre d’approfondir ou de présenter une thématique en lien avec une actualité politique, sociale, économique ou encore scientifique. À titre d’illustration, les contributeurs peuvent présenter une opinion argumentée, un état des lieux d’une question ou d’une recherche scientifique ou encore les enjeux d’une controverse.
Il existe des sous-rubriques qui peuvent varier en fonction des dossiers :
des repères afin de situer et d’éclairer la thématique (focus, chronologie, définitions, chiffres clés, etc.) ;
des pensées et pratiques alternatives car notre ambition ne se résume pas à décrire l’ordre des choses, mais également penser et faire connaitre des transformations progressistes;
des expériences étrangères afin de s’interroger sur les mouvements de convergences et de divergences entre les différents pays.

La sécu au risque de la e-santé

A l’ère de l’e-santé, le serment d’Hippocrate semble bel et bien dépassé : l’indépendance du médecin, sa fidélité aux lois de l’honneur et de la probité, ou encore son respect du secret des patients font pâle figure face aux logiques de profit des entreprises privées qui s’implantent dans le secteur de la santé. Le service public de santé français n’a pas échappé à la quantification du monde portée par les acteurs économiques de la révolution numérique. Dans cet article, Audrey et Simon Woillet montrent les enjeux et les dangers du basculement du système français dans un marché des services et des biens de santé, stimulé par la croissance des technologies liées aux Big Data : marchandisation des données médicales, surveillance individuelle des patients, porosité accrue de la frontière entre soin et commerce, etc.

Renforcer le contrôle par les technologies de l’information et les statistiques

On sait que le montant cumulé des aides indues par des fraudeurs reste très en-deça du non-recours aux prestations sociales par des allocataires qui y auraient droit. Et pourtant les contrôles et la surveillance n’ont eu de cesse de se renforcer. Si ces pratiques ne sont pas nouvelles, elles se singularisent aujourd’hui par l’ampleur que leur confèrent les technologies numériques et les possibilités nouvelles de détection d’anomalies dans les dossiers des allocataires. Dans cet extrait, Vincent Dubois examine ainsi les usages du data mining au sein des administrations publiques françaises désormais rompues au modèle managérial de la gestion des risques : les analyses statistiques de l’État néolibéral délaissent le cadre collectif de la population pour se focaliser sur l’individu et anticiper ses potentielles déviances.

Quand les algorithmes de la CAF ouvrent la chasse aux pauvres

Le datamining et le ciblage des allocataires selon des « scores de risque » débouchent sur des contrôles automatisés ou physiques, sans explications quant aux calculs informatiques. Face à la toute puissance de la machine, les situations de détresse se multiplient. Pour le collectif Changer de Cap, qui a enquêté pendant des mois sur le sujet, le numérique tel qu’il est utilisé ouvre de vastes zones de non-droit et va jusqu’à plonger un organisme de protection sociale, la CAF, dans l’illégalité.

Le calcul de La Poste faisant foi

Le temps où l’on offrait à boire au facteur est bel et bien révolu. A La Poste, le temps est devenu l’un des facteurs du profit. La recomposition des cadences qui y a cours et la surcharge de travail qui en découle réactualisent l’ancien mythe tayloriste d’une organisation « scientifique » du travail. Les organisateurs de bureau assistés d’outils informatiques, d’algorithmes, se sont substitués aux vérificateurs de terrain chronométrant la durée des tournées au début du 20e siècle. Nicolas Jounin examine dans ce texte les transformations actuelles de l’activité des facteurs et des factrices, pris dans la contradiction d’une augmentation des distances à couvrir, notamment due à la diminution drastique du nombre de centres de distribution, et la réduction des volumes du courrier.

Le management algorithmique: quel usage en entreprise?

La généralisation à l’ensemble du monde du travail du management algorithmique, initialement développé dans les entreprises plateformes, semble être en bonne voie. Les imprévues du réel constituent pourtant un solide obstacle à l’automaticité des tâches prescrites par un algorithme imperméable aux événements qu’il ne connait pas. Dans cet article, Matthieu Trubert interroge ainsi l’opportunité de confier l’organisation et l’animation d’un groupe de travail à une machine opérant une série de calculs. Se pose notamment le problème central de la responsabilité morale et juridique des décisions.

Sortir du métaverse mental pour concevoir le travail de demain

La nécessaire adaptation des travailleurs.euses aux évolutions du mode de production capitaliste et l’impérative acceptation de la flexibilité des conditions de leur travail est une vieille rengaine du techno-libéralisme. C’est donc sans surprise que l’instrumentalisation actuelle des technologies numériques par les entreprises de plateforme tend à se soustraire au cadre socialisé du travail, autrement dit, aux droits acquis pendant la révolution industrielle.  En se référant aux batailles juridiques en France et aux revendications syndicales européennes, Jean-Luc Molins éclaire ici les enjeux contemporains de la transformation du lien de subordination des travailleurs.euses, du salariat à l’auto-entreprenariat.

L’ambivalente place de la gestion algorithmique du travail de plateforme dans le cas norvégien

Avec l’essor des technologies numériques de nombreux biens et services sont désormais à portée de clic du consommateur. Dans cet article, Kristin Jesnes et Thiphaine Le Gauyer discutent la spécificité de l’implantation des plateformes numériques sur le marché du travail norvégien en s’appuyant sur le cas des coursiers employés par Foodora et subordonnés à un contrôle algorithmique de leur activité. Si la négociation occupe une place centrale comme mode de régulation des relations de travail entre salariés et employeurs en Norvège, l’arrivée des travailleurs sous statut d’« indépendants », non-soumis aux conventions collectives, déséquilibre ce compromis historique.

Sur la présidentialisation des régimes politiques

En France, dans les débats politiques courants, on parle de présidentialisation du régime politique pour…

L’élection du président au suffrage universel

L’idée est souvent avancée que les partis politiques ont été profondément transformés par la centralité…

Politique gouvernementale et redéfinition des rôles de l’exécutif

La préséance du discours présidentiel sur la politique générale du gouvernement   « Pour dépolitiser la…