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La construction du marché du crédit à la consommation en France dans les années 1950-1960

Âge d’or de l’acquisition d’équipement électroménager par les foyers, les Trente Glorieuses se caractérisent par une croissance économique forte et une situation de plein-emploi. C’est dans cette configuration que se développe une offre de crédit réglementée, nécessaire à l’appropriation de biens alors onéreux. Sabine Effosse revient dans ce texte sur la structuration, après la Seconde Guerre mondiale, du marché du crédit à la consommation français, initiée par des coalitions d’industries soucieuses de vendre leurs marchandises, soutenue par des établissements financiers et légitimée par des incitations politiques à la modernisation des biens d’équipements domestiques.

La mesure de la consommation par l’État: la genèse du Crédoc

Créé au début des années 1950 afin d’élaborer des statistiques sur la consommation de la population, le Crédoc s’intègre dans le tissu des institutions d’État chargées de produire les connaissances nécessaires à l’orientation et à la mise en œuvre de la politique de planification économique d’après-guerre. En examinant sa genèse, Régis Boulat étudie comment se sont construits les outils pour mesurer la demande sur les marchés des biens de consommation, au regard de la structure de l’offre disponible. Prospectif autant que prescriptif, ce travail de quantification participe à définir les catégories légitimes de la consommation.

Les ambivalences du consommateur-roi

De l’art de faire son marché à celui de vendre une marchandise, le marketing s’est imposé au 20e siècle pour orienter la production, en sondant les pratiques d’achat. En s’appuyant sur son dernier ouvrage, Thibault Le Texier discute dans cet entretien des enjeux de l’interdépendance du marketeur et du consommateur qui se constituent comme deux figures indissociables après la Seconde Guerre mondiale. Loin d’être toute-puissante, la publicité incite en permanence les consommateurs qui, par leurs achats, conditionnent en retour son niveau d’investissement financier.

La captation algorithmique des consommateurs: du problème de la crédulité à celui de la vigilance épistémique

Cela fait bien longtemps que les marchands cherchent à comprendre les états mentaux des consommateurs afin d’orienter leurs décisions d’achat. Avec le développement des innovations numériques actuelles, ce travail de captation d’informations est institué par le biais de nouveaux dispositifs sociotechniques. Ces dispositifs participent alors à instaurer une forme de gouvernance algorithme des marchés qui posent des problèmes cognitifs et sociaux, nécessitant d’être mieux décrits et compris. C’est ce à quoi s’attelle Jean-Sébastien Vayre dans cet article, en discutant du poids des algorithmes dans la fabrication des consommateurs.

La sécu au risque de la e-santé

A l’ère de l’e-santé, le serment d’Hippocrate semble bel et bien dépassé : l’indépendance du médecin, sa fidélité aux lois de l’honneur et de la probité, ou encore son respect du secret des patients font pâle figure face aux logiques de profit des entreprises privées qui s’implantent dans le secteur de la santé. Le service public de santé français n’a pas échappé à la quantification du monde portée par les acteurs économiques de la révolution numérique. Dans cet article, Audrey et Simon Woillet montrent les enjeux et les dangers du basculement du système français dans un marché des services et des biens de santé, stimulé par la croissance des technologies liées aux Big Data : marchandisation des données médicales, surveillance individuelle des patients, porosité accrue de la frontière entre soin et commerce, etc.

Marchandisation de la nature

Les contradictions capital-travail et capital-nature s’autoalimentent ,et les ignorer c’est se rendre impuissant à répondre aux défis de ce que l’on nomme la transition écologique, et à les planifier. Luc Foulquier fait ici retour sur l’histoire en revisitant le concept de « nature, et dresse un tableau-vaste et cependant non exhaustif-des enjeux contemporains qui intéressent la question environnementale. L’objectif est de donner quelques informations afin de favoriser les discussions et les rencontres thématiques.

La menace des notes

L’utilité des notes fait l’objet d’un consensus largement partagé. Fabrizio Butera passe ici en revue les quatre présupposés – ou les quatre M – qui fondent l’argumentaire le plus souvent utilisé pour soutenir cette croyance : mesure, marché, mérite et motivation. En s’appuyant sur les résultats de la recherche scientifique qui existent à ce propos, il déconstruit chacun d’entre eux en montrant qu’ils ne trouvent aucun étayage empirique…

Sortir la dette des marchés financiers

Résultat de choix politiques, l’existence du marché de la dette publique est un élément fondamental de la domination des marchés financiers devenus arbitres des équilibres budgétaires dans les pays de l’Union européenne. Il est nécessaire de sortir de cette emprise et de faire de la politique monétaire l’objet de débats et de décisions démocratiques.

Définir le travail, un enjeu politique

Pour définir « le travail », c’est l’ensemble des rapports sociaux que nous devons saisir et questionner. Et, autour de la thèse de la « centralité du travail », se posent des questions décisives pour comprendre et transformer la société. A l’heure où les frontières séparant travail et non-travail semblent devenir toujours plus indistinctes, définir le travail constitue plus que jamais un enjeu politique de première importance.