Mathieu Van Criekingen revient sur le sens du concept de gentrification et sur sa pertinence pour objectiver les rapports de force sociaux qui conduisent la fabrique urbaine contemporaine. Penser une alternative à ce phénomène de plus en plus massif implique de remettre en cause ces rapports de force et de reconnaître le caractère profondément politique de la production de la ville.
Inscrite dans l’ordre juridique national dans les années 2010, la catégorie de « métropole » n’est pourtant pas nouvelle. D’un outil d’aménagement du territoire, elle est devenue le symbole d’une politique de compétition territoriale et d’une croyance selon laquelle la croissance se joue dans les grandes villes. Dans cet esprit, il faudrait leur accorder des moyens adéquats pour rivaliser avec des territoires concurrents à l’échelle mondiale. Stéphane Cadiou revient sur la construction de cette catégorie de « métropole » et sur la complexité de son statut juridique ; complexité problématique tant les politiques publiques transférées sont importantes et touchent au quotidien des citoyens.
En s’appuyant sur les exemples de la région Hauts de France et de la Métropole européenne de Lille, ils nous dressent un état des lieux des réformes territoriales basées sur l’austérité et la compétitivité. Entre les suppressions de postes, les dégradations des conditions de travail, le renforcement du modèle hiérarchique ou encore la perte de sens et de valeurs, la souffrance au travail des agents territoriaux explose et la qualité du service diminue.
La métropolisation fait l’objet de nombreuses critiques : elle serait le cheval de Troie d’un capitalisme dé-régulateur mondialisé. Cette approche critique fait malheureusement barrage à une réflexion plus profonde sur les potentiels transformateurs que font grandir les contradictions de l’urbanisation dominante.
Julia Tournaire nous explique en quoi ces espaces collectifs ne sont pas l’avènement d’un « commun » présumé, mais la scène sur laquelle le jouer et l’instituer. Ils sont en quelque sorte la possibilité d’autres possibles.
L’urbanisation et la métropolisation, combinées aux questions de l’accroissement de la population mondiale, de l’approfondissement des inégalités, de l’écologie, de la révolution technologique, du droit des peuples, impliquent la nécessité de penser des alternatives à la ville libérale-mondiale dont le modèle dominant est celui de l’ajustement structurel.