L’écoulement cyclique chez les femmes d’un composé de sang, de sécrétions vaginales et de cellules utérines constitue sans doute l’un des tabous les mieux ancrés dans les sociétés humaines. Souvent tues, les règles représentent un coût financier pourtant non-négligeable pour accéder à des biens d’hygiène intime. Ces dépenses ne sont toutefois pas à la portée de toutes. L’association Règles Élémentaires revient dans cet article sur la précarité menstruelle et les conséquences délétères tant sur le plan de la santé physiologique que psychologiques qui en résultent. Un meilleur accès à la gratuité aux protections périodiques et la transmission scolaire d’une information spécifique sur les règles permettraient de réduire ce qui relève des inégalités sociales de santé.
Depuis la controverse initiée à l’automne 2017 sur l’« écriture inclusive », la question des inégalités de genre dans le langage a gagné en audience dans l’espace public. Si le débat a sans conteste contribué à faire la publicité du langage non sexiste, les discours pourfendant son usage en ont également véhiculé des représentations erronées. Dans cet article, Gwenaëlle Perrier revient sur la diversité des pratiques du langage non sexiste, explique combien la langue contribue à influencer nos représentations et montre comment les controverses autour de ce langage constituent un terrain d’expression des féminismes et en réaction, de l’antiféminisme.
Comme le sport, la musique a un genre. La prégnance d’un entre-soi masculin et l’exclusion corollaire des femmes dans l’économie des musiques actuelles en constituent un exemple saillant. Yves Raibaud montre ici comment des aides et des subventions publiques distribuées par des hommes profitent majoritairement à des groupes de musiciens hommes qui y trouvent une prime à la professionnalisation. Toute l’économie de ce secteur fonctionne par cooptation genrée et porte aujourd’hui une nouvelle génération de cultures masculines. L’auteur plaide ainsi pour une distribution plus égalitaire des ressources publiques dans un domaine d’activité professionnelle où les femmes sont pourtant plus nombreuses à investir les écoles de formation, mais bien moins nombreuses lorsqu’il s’agit d’accéder aux scènes de concert.
Dans ce court extrait d’entretien, Christine Bard revient sur l’actualité des luttes féministes, pas si radicale qu’on se plaît à le ressasser (ou que d’autres le déplorent) au regard des mobilisations féministes passées, et souvent oubliées. Elle désapprouve notamment la cristallisation des médias sur les querelles qui divisent le mouvement féministe et fait l’éloge de la richesse des travaux américains qui ont pu nourrir, par leur importation, la recherche française.
L’occupation de l’espace, des différents lieux où s’organise le monde social, ne relève pas d’une même assignation pour les hommes et les femmes. Edith Maruéjouls explique dans cet article comment cette division spatiale genrée se construit dès l’école, dans la cour de récréation. L’occupation inégalitaire des espaces de jeux participe ainsi à renforcer les stéréotypes genrés entre filles et garçons, la hiérarchie des valeurs entre féminin et masculin, et les violences sexistes qui en découlent. Une réhabilitation des filles dans les espaces occupés majoritairement par les garçons, un partage plus égalitaire dans les jeux, davantage de mixité et d’interactions permettraient d’améliorer les relations entre eux et de prévenir harcèlement, insulte ou agression sexuelle.
La réussite scolaire des filles ne produit pas davantage d’égalité dans la société. Dans cet article, Annie Léchenet discute de la nécessité d’une formation des personnels de l’éducation à l’égalité filles-garçons. Sans en avoir véritablement conscience, ceux-ci risquent de valider et de reproduire les stéréotypes de sexe de la société. Des formations sont dorénavant largement inscrites dans l’institution scolaire. De la recherche d’égalité dans la mixité à la prise en compte de la dimension genrée dans les pratiques éducatives, la réflexion sur les pratiques éducative s’est considérablement enrichie. Mais un consensus apparent ne résout pas certaines questions politiques cruciales, et le débat sur le sens de ces formations demeure nécessaire.
Un an de pandémie a retardé de 36 ans, soit plus d’une génération, le temps nécessaire pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes. Pourtant, le constat fait en avril 2021 par le Forum économique mondial n’est pas une fatalité. Pour la Fondation des femmes qui a publié en mars 2021 l’étude L’impact du Covid-19 sur l’emploi des femmes, il est possible d’inverser la tendance et même, de profiter de ce nouvel élan économique pour faire reculer les inégalités entre femmes et hommes sur le marché du travail. À l’instar d’institutions, d’associations et d’économistes, la Fondation, par la voix de Margaux Collet, co-autrice de l’étude, plaide pour un plan de relance féministe.
Étayées par de nombreuses études et régulièrement dénoncées, les inégalités professionnelles entre hommes et femmes perdurent en France et touchent tous les domaines de la relation de travail : salaires, mais également promotion, recrutement, formation, classification, etc. Dans cet article, Célia Gourzones présente l’action de groupe inédite et ambitieuse initiée par la CGT à l’encontre d’une banque afin de faire cesser la discrimination systémique subie par les femmes qui y travaillent. Cet outil juridique pourrait devenir central dans la lutte en faveur de l’égalité professionnelle réelle.
Les médias ont une responsabilité fondamentale dans les perceptions et représentations que l’on se fait des réalités sociales, notamment concernant les rapports de genre, la place des femmes dans la société et les stéréotypes qui les entourent. Spécialiste de la communication et des médias, co-coordinatrice pour la France avec Cécile Méadel de l’étude internationale Global Media Monitoring Project (GMMP), Marlène Coulomb-Gully revient, dans cet entretien, sur la sous-représentation des femmes expertes dans les médias, la nécessité d’objectiver la situation à l’aide d’outils appropriés et de mettre en œuvre des mesures en faveur de l’égalité.