Covid19 et perspectives émancipatrices

Face aux carences de l’État et du marché concurrentiel, des formes d’auto-organisation ont été développées dans nombre de secteurs pour répondre aux besoins liés à la pandémie. En s’appuyant sur l’exemple emblématique des personnels hospitaliers, Guy Carassus montre comment l’auto-organisation rend possible des prises de conscience des ressources insoupçonnées que recèlent les collectifs de travail et des limites qui viennent les restreindre. Dans une période où sont mises en débat des propositions pour concevoir « un autre monde », il insiste sur l’importance de faire de l’acquisition de nouveaux droits d’intervention et de décision dans les affaires de l’entreprise et de la cité la condition d’une transformation en profondeur de notre société.

Covid-19: pas une parenthèse, mais un tournant pour l’école publique

Le modèle de l’instruction à la carte, officiellement selon les individus, en réalité selon les origines sociales, est une intention ancienne de la technocratie et des politiques néolibérales qui conduit, en pratique, à diviser et à réduire l’ambition de ce que sont l’école publique et la « scolarité unique ». Stéphane Bonnéry montre comment le gouvernement a instrumentalisé la situation pour imposer son modèle et accélérer des logiques déjà engagées. À rebours du scénario d’une école qui ne transmet pas les mêmes savoirs et incite à des parcours inégaux, il avance des pistes de réflexion alternatives pour construire une école visant la transmission-appropriation d’une culture commune de haut niveau.

Entendons les alertes des universitaires!

Les tribunes d’universitaires se multiplient pour alerter sur la situation de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ils protestent contre le fait que les universités soient restées fermées alors même que l’ensemble des établissements d’enseignement avaient rouvert. Ils soulignent avec force l’impératif d’une rentrée universitaire permettant à tous les étudiants d’assister à leurs cours en présentiel tout en respectant les précautions sanitaires. Ils avancent des propositions visant à mobiliser les moyens indispensables pour que cela soit possible. Loin de ne concerner que le monde universitaire, cette question constitue un enjeu de société primordial. La lutte qui s’engage mérite un soutien massif. C’est le devenir de l’Université et de la recherche qui est en cause.

Une recomposition mondiale imprévisible

Le coronavirus s’est ajouté comme facteur de conflit entre la Chine et les États-Unis aggravant la confrontation déclenchée par Trump d’abord sur le front commercial puis sur celui de la haute technologie. Alors que la pandémie et la recherche d’un vaccin exigeraient davantage de coopération, le renforcement du multilatéralisme et des institutions internationales, les logiques d’affrontement entre blocs menacent la paix mondiale en particulier en Asie orientale, nous prévient Dominique Bari.

Une crise sociale planétaire amplifiée par le Covid-19

Alors que les répercussions sociales de la crise liée au Covid-19 s’annoncent catastrophiques à l’échelle mondiale, Bernard Thibault nous invite à nous rappeler les leçons de l’histoire largement admises après la Seconde Guerre mondiale : ne pas s’occuper de la misère ou de la précarité à un endroit de la planète, c’est prendre un risque pour la prospérité de tous. Après avoir dressé un panorama de la situation, il insiste sur l’urgence d’instaurer un droit fondamental et effectif à la protection sociale pour tous les peuples.

Les trois crises d’aujourd’hui aux États-Unis

Les États-Unis affrontent un emboîtement de crises sans précédent depuis les années 1930. Les conséquences de la pandémie aggravées par l’incurie de l’administration Trump révèlent un système de santé et un système économique délétères qui amplifient les inégalités sociales et raciales préexistantes. Les mobilisations sans précédent contre les violences policières cristallisent la colère contre ce système injuste profondément ancré et pourraient marquer un tournant. Mais l’issue politique demeure incertaine alors que les clivages partisans se creusent dangereusement, nous explique Mark Kesselman.

Le moment… la convergence: l’explosion sociale déclenchée par le meurtre de George Floyd

Dans le sillage immédiat de l’assassinat de George Floyd par la police de Minneapolis, une série de mouvements de rébellion a éclaté à travers les États-Unis, pour finalement s’étendre, sous une forme ou une autre, à d’autres parties de la planète.  Ces «soulèvements» posent l’inévitable question : quelles suites?  Mais aussi, pourquoi maintenant? Réponses et analyses par Bill Fletcher, Jr.

Le Brésil face à la pandémie: trois crises majeures et l’impasse Bolsonaro

Au Brésil, Bolsonaro est le facteur aggravant de la crise épidémique. Poursuivant la remilitarisation de l’État, il est cependant de plus en plus isolé en raison de son incompétence, de son agressivité et de son ton menaçant à l’égard d’un front social et politique en construction. Rassemblant largement et cristallisant patiemment le mécontentement, cette lame de fond dont l’issue politique est encore incertaine, nourrit l’espoir de porter un coup d’arrêt à l’agonie du pays et de mettre le « bolsonarisme » hors d’état de nuire. Explications et analyses par Walter Sorrentino.

Colombie: pandémie et autoritarisme, des accords de paix en danger

En Colombie, la pandémie aggrave une situation socioéconomique et politique déjà tendue en menaçant 20 millions de personnes de pauvreté et de faim. Le secteur de la santé soumis au marché souffre de nombreux manques et génère des inégalités accentuées par les mesures économiques et sociales du gouvernement Duque. Alors que la gauche et les mouvements sociaux se mobilisent pour des alternatives, l’autoritarisme du pouvoir et la violence politique redoublent d’intensité et mettent en péril les accords de paix signés en 2016. Tour d’horizon avec Rodrigo A. Alvarez G.

«Un coup d’avance?»: des mobilisations anticolonialistes face au Covid-19

Onze ans après la grève générale de 2009, la crise du Covid-19 donne l’occasion aux syndicats de pointer à nouveau du doigt la responsabilité de l’État en formulant une critique anticolonialiste et anticapitaliste qui n’est pas sans faire échos aux inquiétudes de la population. Pierre Odin revient sur les différences manifestes de traitement entre l’hexagone et les Outre-mer ainsi que sur la volonté stratégique des syndicats de construire un contre-pouvoir durable et les conditions politiques d’une réappropriation collective des enjeux.