Débats et alternatives

Cet espace vise à rendre compte du mouvement et de la confrontation des idées. Les contributions doivent permettre d’approfondir ou de présenter une thématique en lien avec une actualité politique, sociale, économique ou encore scientifique. À titre d’illustration, les contributeurs peuvent présenter une opinion argumentée, un état des lieux d’une question ou d’une recherche scientifique ou encore les enjeux d’une controverse.
Il existe des sous-rubriques qui peuvent varier en fonction des dossiers :
des repères afin de situer et d’éclairer la thématique (focus, chronologie, définitions, chiffres clés, etc.) ;
des pensées et pratiques alternatives car notre ambition ne se résume pas à décrire l’ordre des choses, mais également penser et faire connaitre des transformations progressistes;
des expériences étrangères afin de s’interroger sur les mouvements de convergences et de divergences entre les différents pays.

Les services publics sont nos biens communs

La crise a encore accentué la prise de conscience du rôle indispensable des services publics dans nos vies et des conséquences désastreuses de leur transformation néolibérale. À rebours des logiques de concurrence, de rentabilité et de marchandisation qui sous-tendent cette transformation, Alain Obadia conçoit les services publics comme des communs au service de toute la population, de la transition écologique et du développement d’approches solidaires et de coopération. C’est pourquoi il insiste notamment sur la nécessité de reconfigurer radicalement leur gestion autour d’un processus ambitieux de transformation démocratique.

Pour conjurer la catastrophe, prendre le pouvoir sur l’utilisation de l’argent

Alors que l’argent coule à flots, il est avant tout utilisé pour restaurer la rentabilité du capital. Pour Denis Durand, c’est une impasse dangereuse qui alimente la spéculation. Il nous montre que d’autres choix existent. C’est en imposant de soumettre l’utilisation de l’argent à une logique sociale, écologique et démocratique qu’il sera possible de répondre aux enjeux de notre époque et d’apporter des réponses durables à la crise.

«La reconstruction du pays passera par la culture». Puisqu’ils le disent: Chiche!

Le monde de la culture compte parmi les secteurs les plus sévèrement touchés par la crise. Si les mesures de soutien adoptées par le gouvernement ne sont pas négligeables, d’autres seront nécessaires dans les années à venir pour surmonter le choc subi. Mais au regard du rôle considérable de la culture, des arts et de la création dans la construction d’un autre monde et d’autres futurs, l’enjeu n’est pas que financier. Frank Guillaumet nous invite à remettre en cause le modèle économique qui prime dans ce secteur et à réfléchir aux échecs de la démocratisation culturelle. Favorable à un service public tourné vers les usagers et la société, il ouvre des pistes pour s’atteler, sans plus attendre, à l’essor d’une démocratie culturelle en partage avec tous les acteurs concernés.

Covid-19, implications écologiques et systémiques

Il est aujourd’hui largement admis que les déforestations et la réduction des écosystèmes favorables aux espèces sauvages, toutes deux consécutives à la surexploitation des ressources naturelles, favorisent la propagation de nouveaux virus. Or, l’obnubilation de la recherche du profit est une cause majeure de la dégradation de la planète. Après avoir résumé quelques-unes des implications écologiques des pandémies, Alain Pagano met en avant des propositions qui nous permettraient de révolutionner nos modes de production et nos modèles de société afin de mieux respecter la planète et les écosystèmes, et de préserver la santé humaine.

Covid19 et perspectives émancipatrices

Face aux carences de l’État et du marché concurrentiel, des formes d’auto-organisation ont été développées dans nombre de secteurs pour répondre aux besoins liés à la pandémie. En s’appuyant sur l’exemple emblématique des personnels hospitaliers, Guy Carassus montre comment l’auto-organisation rend possible des prises de conscience des ressources insoupçonnées que recèlent les collectifs de travail et des limites qui viennent les restreindre. Dans une période où sont mises en débat des propositions pour concevoir « un autre monde », il insiste sur l’importance de faire de l’acquisition de nouveaux droits d’intervention et de décision dans les affaires de l’entreprise et de la cité la condition d’une transformation en profondeur de notre société.

«Un coup d’avance?»: des mobilisations anticolonialistes face au Covid-19

Onze ans après la grève générale de 2009, la crise du Covid-19 donne l’occasion aux syndicats de pointer à nouveau du doigt la responsabilité de l’État en formulant une critique anticolonialiste et anticapitaliste qui n’est pas sans faire échos aux inquiétudes de la population. Pierre Odin revient sur les différences manifestes de traitement entre l’hexagone et les Outre-mer ainsi que sur la volonté stratégique des syndicats de construire un contre-pouvoir durable et les conditions politiques d’une réappropriation collective des enjeux.

Comment abolir la propriété dominante en deux principes et trois exemples

S’il existe une propriété d’usage qui est une propriété utile, la propriété dominante est l’un des plus terribles outils de l’asservissement et donc un important obstacle à la démocratisation de la société. Pour conserver la première et abolir la seconde, Emmanuel Dockès a dégagé deux principes directeurs : accorder la propriété à celui ou ceux qui ont l’utilité directe de la chose et imaginer une propriété fondante, c’est-à-dire qui perd constamment un peu de valeur.

Syndicats: de la démocratie sociale au pouvoir économique

Depuis quarante ans, le syndicalisme a démontré ses capacités à contester les décisions du patronat et de l’État et à proposer des pratiques alternatives, aussi bien économiques que démocratiques. Guillaume Gourgues et Maxime Quijoux reviennent sur cette histoire et sur la tendance actuelle à l’affaiblissement des organisations syndicales. Ils ouvrent des pistes pour construire une « capacité de réappropriation salariale » permettant de rééquilibrer le rapport de force entre le bloc patronal et les collectifs de travail et d’implanter une véritable démocratie dans l’entreprise.

Sensible, difficile et exigeante citoyenneté en dehors du vote

Dans un contexte de profonde défiance pour la représentation, les actions collectives contemporaines témoignent d’un retour des classes populaires dans l’espace politique. Revendiquant un droit participatif affranchi de la tutelle institutionnelle, des collectifs citoyens construisent des représentations collectives et des définitions politiques des problèmes et des injustices subis tout en développant une philosophie de la vie en commun. S’appuyant sur ses enquêtes, Myriam Bachir revient sur la légitimité et les apports de cet empowerment.

Quand le numérique révolutionne l’action politique et la conquête du pouvoir

La révolution numérique bouleverse la manière de faire de la politique, les processus et lieux de politisation comme la construction des représentations et des opinions. Yann Le Pollotec revient sur les potentialités démocratiques et politiques des outils numériques tout en soulignant leurs limites à dépasser. Il insiste sur l’importance pour les militants et leur organisation de mener une stratégie numérique globale visant la conquête d’une hégémonie culturelle, condition nécessaire à une prise du pouvoir.