Alors qu’il existe une demande populaire croissante de démocratie directe, le référendum suscite la méfiance des milieux politiques. Cette méfiance explique que le droit référendaire français pose des conditions drastiques et confère une place minorée aux citoyen.nes. Marion Paoletti revient sur ces résistances françaises qui contrastent avec l’extension et la diversification des pratiques référendaires partout dans le monde. Elle montre l’importance politique et sociétale d’ouvrir largement le droit d’expérimenter les référendums d’initiative populaire.
Dans un contexte de crise de la démocratie représentative, que Dimitri Courant préfère nommer « électocratie représentationnelle », les assemblées citoyennes tirées au sort se multiplient. Face à leur notoriété grandissante, se pose désormais l’enjeu de l’institutionnalisation de ces innovations démocratiques qui permettent aux citoyens ordinaires de délibérer pour produire une « opinion publique éclairée ». Ouvrent-elles la voie d’une radicalisation de la démocratie ou renforcent-elles la délégation de pouvoir ? L’avenir du « nouvel esprit du tirage au sort » est encore incertain.
Prenant au sérieux l’importance du débat public et de l’échange de justifications en démocratie, Pierre-Étienne Vandamme propose de complexifier la pratique du vote en introduisant le vote justifié. Mobilisable tant pour les référendums que pour les élections, celui-ci ouvre la possibilité de sélectionner, parmi une liste préétablie, les justifications pertinentes de son vote. Stimulation du débat, mise en exergue des enjeux, comportements plus réflexifs ou encore dépersonnalisation de la politique sont quelques-uns des avantages que l’on peut espérer d’une telle innovation démocratique.
Pendant près de 20 ans, la commune de Louviers a expérimenté de nouveaux modes d’exercice du pouvoir visant à créer les conditions pour que les citoyens co-construisent les orientations et les décisions concernant le devenir de la ville et la vie des habitants. Grâce à son enquête menée dans les archives et auprès des acteurs de l’époque, Hélène Hatzfeld retrace l’histoire de ce projet d’émancipation sociale, politique et humaine qui, malgré ses limites, est riche d’enseignements pour penser aujourd’hui d’autres possibles démocratiques.
Malgré les récentes avancées de la loi Sapin II, utile aux lanceurs d’alerte, tout est encore à faire pour assurer le devoir de transparence des grandes sociétés. Alexandre et Maxime Renahy reviennent ici sur les raisons de la création de la plateforme lanceuralerte.org, sur le front juridique qu’ils ont ouvert contre des entreprises fraudeuses et sur les avancées juridiques indispensables à réaliser. La lutte contre l’opacité financière est une condition majeure de l’exercice du pouvoir des salariés au sein de leurs entreprises.
Le pouvoir du capital, c’est d’abord et essentiellement le pouvoir de décider de l’utilisation de l’argent. Dans le système capitaliste, le taux de profit constitue le critère principal pour effectuer ce choix. Si l’on veut faire émerger une nouvelle logique économique, la prise du pouvoir sur l’argent par les citoyens et les travailleurs est une tâche révolutionnaire cruciale.