Le moment contemporain du féminisme

Dans ce court extrait d’entretien, Christine Bard revient sur l’actualité des luttes féministes, pas si radicale qu’on se plaît à le ressasser (ou que d’autres le déplorent) au regard des mobilisations féministes passées, et souvent oubliées. Elle désapprouve notamment la cristallisation des médias sur les querelles qui divisent le mouvement féministe et fait l’éloge de la richesse des travaux américains qui ont pu nourrir, par leur importation, la recherche française.

À l’école du genre?

En se fondant sur ses propres recherches, Maire Duru-Bellat réinterroge les effets de la mixité scolaire. L’autrice montre notamment que la mixité a tendance à renforcer les stéréotypes genrés, notamment dans la construction identitaire des filles et des garçons. D’autant que les enseignant.e.s perpétuent cette division sexuée par l’attention différenciée qu’ils et elles leur accordent en classe. Elle plaide au final pour une éducation scolaire au non-genre, afin de défaire la bi-catégorisation rigide du monde entre le féminin et le masculin.

Répartition des rôles et construction identitaire genrée dans les établissements scolaires

L’occupation de l’espace, des différents lieux où s’organise le monde social, ne relève pas d’une même assignation pour les hommes et les femmes. Edith Maruéjouls explique dans cet article comment cette division spatiale genrée se construit dès l’école, dans la cour de récréation. L’occupation inégalitaire des espaces de jeux participe ainsi à renforcer les stéréotypes genrés entre filles et garçons, la hiérarchie des valeurs entre féminin et masculin, et les violences sexistes qui en découlent. Une réhabilitation des filles dans les espaces occupés majoritairement par les garçons, un partage plus égalitaire dans les jeux, davantage de mixité et d’interactions permettraient d’améliorer les relations entre eux et de prévenir harcèlement, insulte ou agression sexuelle.

Former les acteurs et actrices de l’éducation à une véritable égalité entre les filles et les garçons

La réussite scolaire des filles ne produit pas davantage d’égalité dans la société. Dans cet article, Annie Léchenet discute de la nécessité d’une formation des personnels de l’éducation à l’égalité filles-garçons. Sans en avoir véritablement conscience, ceux-ci risquent de valider et de reproduire les stéréotypes de sexe de la société. Des formations sont dorénavant largement inscrites dans l’institution scolaire. De la recherche d’égalité dans la mixité à la prise en compte de la dimension genrée dans les pratiques éducatives, la réflexion sur les pratiques éducative s’est considérablement enrichie. Mais un consensus apparent ne résout pas certaines questions politiques cruciales, et le débat sur le sens de ces formations demeure nécessaire.

Face aux impacts du Covid-19 sur l’emploi des femmes, l’impératif d’une relance féministe

Un an de pandémie a retardé de 36 ans, soit plus d’une génération, le temps nécessaire pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes. Pourtant, le constat fait en avril 2021 par le Forum économique mondial n’est pas une fatalité. Pour la Fondation des femmes qui a publié en mars 2021 l’étude L’impact du Covid-19 sur l’emploi des femmes, il est possible d’inverser la tendance et même, de profiter de ce nouvel élan économique pour faire reculer les inégalités entre femmes et hommes sur le marché du travail. À l’instar d’institutions, d’associations et d’économistes, la Fondation, par la voix de Margaux Collet, co-autrice de l’étude, plaide pour un plan de relance féministe.

Lutter pour la revalorisation des métiers féminisés

Particulièrement féminisés, les emplois de service constituent un rouage crucial pour le fonctionnement de nos sociétés. Ils sont pourtant très largement dévalorisés, mal rémunérés et peu considérés. Rachel Silvera présente, à travers différents exemples de mobilisation collective récente, les revendications des travailleuses de ce secteur qui luttent pour la reconnaissance de leur activité professionnelle et l’amélioration de leurs conditions de travail. Certaines parviennent ainsi à obtenir de substantielles avancées.

Lutter contre les discriminations systémiques des femmes en entreprise

Étayées par de nombreuses études et régulièrement dénoncées, les inégalités professionnelles entre hommes et femmes perdurent en France et touchent tous les domaines de la relation de travail : salaires, mais également promotion, recrutement, formation, classification, etc. Dans cet article, Célia Gourzones présente l’action de groupe inédite et ambitieuse initiée par la CGT à l’encontre d’une banque afin de faire cesser la discrimination systémique subie par les femmes qui y travaillent. Cet outil juridique pourrait devenir central dans la lutte en faveur de l’égalité professionnelle réelle.

Une victoire en trompe-l’œil ? Parité et féminisation de la vie politique

La politique est un métier fait par les hommes, pour les hommes, des hommes blancs plutôt âgés et plutôt bourgeois. La progression significative du nombre de femmes élues ces vingt dernières années change-t-elle la donne ? Dans cet article, Sandrine Lévêque revient sur l’ambivalence de la féminisation en politique. Si au tournant des années 1990/2000, la prescription de nouvelles règles contraignantes et incitatives, en faveur de la parité, renforce incontestablement la représentation des femmes dans les assemblés élues, une « forme de loi d’airain de l’oligarchie patriarcale » qui élimine les femmes à mesure qu’on s’élève dans la hiérarchie politique, ainsi qu’une division genrée du travail politique perdurent.

Parler pour prendre le pouvoir

Partant de la dimension performative du langage qui donne du sens et du pouvoir, qui plus est dans l’arène politique, Maud Navarre étudie la prise de parole des femmes élues dans les assemblées locales depuis 2010. À la faveur des lois sur la parité, elles sont de plus en plus nombreuses à exercer des fonctions électives ; pourtant, leurs interventions en séance demeurent bien moins nombreuses que celles des hommes qui continuent d’occuper les plus hautes fonctions. Les prises de parole des femmes sont en outre souvent plus contraintes et objets de sexisme surtout lorsqu’elles proviennent de l’opposition politique.

Sous-représentation des femmes expertes dans les médias : Nous en appelons à une révolution!

Les médias ont une responsabilité fondamentale dans les perceptions et représentations que l’on se fait des réalités sociales, notamment concernant les rapports de genre, la place des femmes dans la société et les stéréotypes qui les entourent. Spécialiste de la communication et des médias, co-coordinatrice pour la France avec Cécile Méadel de l’étude internationale Global Media Monitoring Project (GMMP), Marlène Coulomb-Gully revient, dans cet entretien, sur la sous-représentation des femmes expertes dans les médias, la nécessité d’objectiver la situation à l’aide d’outils appropriés et de mettre en œuvre des mesures en faveur de l’égalité.