Edito
L’élection présidentielle:
Débats sur les enjeux ou théâtre des ego?
Par Louise Gaxie & Alain Obadia
Actualités du débat
La présidentialisation des régimes politiques est le résultat de facteurs principalement politiques et non constitutionnels.
L’interprétation présidentialiste de la Constitution de la Ve République conduit à conférer d’importants pouvoirs au Président alors qu’il est irresponsable politiquement. Ce fait peut avoir de dangereuses conséquences. Il est contraire aux principes démocratiques.
En sanctuarisant l’élection présidentielle, en légitimant les ambitions personnelles et en privatisant la fonction programmatique des partis politiques, la primaire est au final une mauvaise réponse à un réel enjeu : l’affaiblissement de la légitimité et de l’ancrage social des partis.
L’élection présidentielle a affecté inégalement l’organisation interne des partis politiques. En fonction de leurs traditions, ces derniers se sont adaptés différemment à la contrainte présidentielle consistant à s’en remettre à un leader incontesté ayant une plus ou moins grande latitude dans la définition de la stratégie politique.
La centralité de l’élection présidentielle et le caractère monarchique du régime affaiblissent le rôle du parlement. Mais, la crise actuelle de la politique s’explique avant tout par l’effet dévastateur des politiques libérales présentées par certains comme indépassables. Cette crise pose la question du pouvoir et de son exercice.
Entretien avec Frédérique Matonti, professeure de Science Politique à l’Université Paris I-Panthéon-Sorbonne, qui publie, aux éditions La découverte, Le genre présidentiel. Enquête sur l’ordre des sexes en politique (mars 2017, 320 p.).
Les collectivités locales n’échappent pas à la diffusion du présidentialisme qui participe d’une démocratie de délégation et pose des questions sur les déséquilibres de la démocratie locale.
Considérer l’entreprise comme communauté de travail créative implique de sortir du culte du chef et de développer un mode de management collaboratif et coopératif. Des droits et pouvoirs nouveaux d’expression et d’intervention des salariés sont indispensables.
Alternatives
Augmenter la souveraineté effective du peuple est un défi démocratique majeur. Ce défi implique de remettre en cause le pouvoir exorbitant donné à un seul et le pouvoir de l’argent. Il implique aussi d’installer des pratiques centrées sur la participation populaire.
L’appropriation du pouvoir par les citoyens implique une révolution démocratique qui passe par une transformation en profondeur des institutions, un développement audacieux de la démocratie participative et des droits nouveaux d’intervention directe.
Bataille des mots
Espace commun
Expression de la crise politique qui couve depuis longtemps, cette séquence électorale a été marquée par l’exacerbation de la règle d’or » de la Ve République selon laquelle la présidentielle est un rendez-vous entre un homme et le peuple et par un record d’abstentions aux législatives. Emmanuel Macron va avoir une pratique XXL de la Ve République comme en témoignent ces premiers mois de mandat. La question de savoir comment faire grandir l’idée et le projet d’une VIe République sociale, citoyenne et participative est posée.