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Le paramétrage politique des algorithmes de Parcoursup. Entretien avec Vincent Tiberj

Les politiques néolibérales des gouvernements successifs n’en finissent pas de saper les fondements du service public de l’éducation depuis 20 ans. En 2018, la loi Orientation et réussite des étudiants met en place la plateforme Parcoursup pour affecter les étudiant.e.s dans les formations de l’enseignement supérieur. Elle entérine un principe de sélection, tout en produisant et concentrant un volume conséquent d’informations dont sont friands les marchés pour leur fonctionnement. A partir de son expérience à Science Po Bordeaux, Vincent Tiberj nous éclaire dans cet entretien sur les implications concrètes des algorithmes de sélection dans l’enseignement supérieur.

Algorithmes : reprendre le contrôle

De Parcoursup à nos navigations sur le web ou les réseaux sociaux en passant par…

Lutte contre les violences sexistes et sexuelles : financer l’action publique à la mesure du phénomène !

Depuis quatre ans, la dénonciation des violences sexuelles a pris une ampleur mondiale avec les mouvements Metoo et MetooInceste. Il n’est désormais plus possible pour les gouvernements de faire fi d’un problème dont on voit mieux la portée considérable grâce l’éruption publique de multiples témoignages de victimes. Et pourtant, en France, la réponse politique se solde par une intense communication de la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, sans réelle traduction budgétaire. En s’appuyant sur de nombreux rapports d’étude, Hélène Bidard montre les conséquences néfastes des politiques d’austérité financière dans les services publics sur la non prise en charge des victimes de violences sexuelles, femmes et enfants. D’autant que les effets particulièrement délétères des confinements successifs viennent rappeler l’urgence de mette en œuvre une politique publique véritablement ambitieuse.

Covid-19 : crise singulière, effets imprévisibles

Tout en interrogeant la singularité de la crise liée au coronavirus, Daniel Cirera met en avant ce qu’elle a révélé, accéléré ou encore exacerbé. Dans un contexte de tensions sociales qui s’étend sur tous les continents, ses conséquences ont élargi le champ des conditions concrètes nécessaires au changement et ont fait de la lutte contre les inégalités un vecteur puissant de la contestation populaire dont personne ne peut prédire les formes qu’elle peut prendre.

Les services publics sont nos biens communs

La crise a encore accentué la prise de conscience du rôle indispensable des services publics dans nos vies et des conséquences désastreuses de leur transformation néolibérale. À rebours des logiques de concurrence, de rentabilité et de marchandisation qui sous-tendent cette transformation, Alain Obadia conçoit les services publics comme des communs au service de toute la population, de la transition écologique et du développement d’approches solidaires et de coopération. C’est pourquoi il insiste notamment sur la nécessité de reconfigurer radicalement leur gestion autour d’un processus ambitieux de transformation démocratique.

Pour conjurer la catastrophe, prendre le pouvoir sur l’utilisation de l’argent

Alors que l’argent coule à flots, il est avant tout utilisé pour restaurer la rentabilité du capital. Pour Denis Durand, c’est une impasse dangereuse qui alimente la spéculation. Il nous montre que d’autres choix existent. C’est en imposant de soumettre l’utilisation de l’argent à une logique sociale, écologique et démocratique qu’il sera possible de répondre aux enjeux de notre époque et d’apporter des réponses durables à la crise.

«Un coup d’avance?»: des mobilisations anticolonialistes face au Covid-19

Onze ans après la grève générale de 2009, la crise du Covid-19 donne l’occasion aux syndicats de pointer à nouveau du doigt la responsabilité de l’État en formulant une critique anticolonialiste et anticapitaliste qui n’est pas sans faire échos aux inquiétudes de la population. Pierre Odin revient sur les différences manifestes de traitement entre l’hexagone et les Outre-mer ainsi que sur la volonté stratégique des syndicats de construire un contre-pouvoir durable et les conditions politiques d’une réappropriation collective des enjeux.

L’urgence d’une nouvelle ère démocratique

À l’encontre des dérives autoritaires et du discrédit de la politique, de fortes aspirations existent partout dans le monde pour des formes nouvelles de démocratie participative et d’intervention directe. Ce dossier vise à explorer les voies qui permettraient aux populations de peser effectivement dans les processus de prises de décisions tant dans la Cité que dans le monde économique et donc dans l’entreprise.

En quoi l’éventuelle privatisation d’Aéroports de Paris ferait-elle reculer la démocratie?

Alors qu’il existe déjà d’importantes limites à la possibilité pour les citoyens et les salariés d’imposer des critères de gestion répondant aux besoins et aux enjeux de notre époque, le projet actuel de privatisation va encore aggraver cette tendance. Jean Oullins et Robert Arrageois nous expliquent en quoi le combat contre cette privatisation est une lutte pour la démocratie. Ils proposent, à l’inverse, de socialiser cette entreprise pour reprendre le pouvoir d’agir sur ce service public. Or, si l’on arrive à réunir les 4,7 millions de signatures nécessaires à la tenue du référendum d’initiative partagée, ces combats peuvent être gagnés. On s’y met tous ?

De la financiarisation de l’entreprise à sa démocratisation

Si la financiarisation de l’entreprise a des conséquences sociales dévastatrices, elle n’en est pas moins inhérente à la notion même de propriété des moyens de production. Une politique sociale et écologique résolue ne peut que remettre en cause cette valorisation en ouvrant la voie à l’éviction des actionnaires et à la transformation des entreprises en communs associant travailleurs et usagers. Ainsi, Benoît Borrits nous invite à penser une nouvelle approche de l’appropriation sociale et de la démocratie.