Penser le Sénégal sous coronavirus

Contrairement aux prévisions apocalyptiques, le Sénégal est parvenu à contenir la pandémie grâce à une gestion rationnelle de la crise par un pouvoir politique à l’écoute des techniciens et des experts, qui a su prendre les décisions nécessaires sans craindre de heurter les leaders religieux. Selon Hady Ba, plusieurs enseignements sont à tirer. La crise pourrait normaliser durablement les rapports avec les pays occidentaux et européens en particulier et encourager une éthique de la responsabilité usant de l’intelligence collective pour affronter les défis auxquels l’humanité fait face. Le Sénégal et l’Afrique se trouvent ainsi à la croisée des chemins.

Pour un pôle public du médicament

La récente crise sanitaire a mis en lumière les questions de production et d’approvisionnement en médicaments. Michel Limousin met ici l’accent sur un aspect moins débattu, celui du mode de fixation des prix du médicament et des conséquences de celui-ci. Il expose enfin une alternative à la situation actuelle.

Un crime qui ne dit pas son nom

La crise sanitaire engendrée par la Covid-19 a plus durement touché les occupants des maisons de retraite que l’ensemble de la population française. Michel Limousin étudie ici tout à la fois ce qui aurait pu être et ce qui a été, sans omettre de pointer du doigt les divers niveaux de responsabilité quant aux choix opérés qui ont conduit à une telle situation criminelle.

Changer de trajectoire

Crises sociale, économique, financière, politique, écologique, culturelle et idéologique, toutes les dimensions de la crise systémique dans laquelle nous sommes plongés ont été exacerbées dans cette période particulière. Dans un tel moment, et dans un champ social et politique dominé par l’incertitude, l’intervention de la pensée critique est cruciale. La réflexion et la créativité propositionnelles et stratégiques sont indispensables.

Covid-19 : crise singulière, effets imprévisibles

Tout en interrogeant la singularité de la crise liée au coronavirus, Daniel Cirera met en avant ce qu’elle a révélé, accéléré ou encore exacerbé. Dans un contexte de tensions sociales qui s’étend sur tous les continents, ses conséquences ont élargi le champ des conditions concrètes nécessaires au changement et ont fait de la lutte contre les inégalités un vecteur puissant de la contestation populaire dont personne ne peut prédire les formes qu’elle peut prendre.

Travail des femmes en confinement: rendre visible la permanence des inégalités

Pendant la période du confinement, les femmes ont assuré un travail essentiel. Que l’on se place sous l’angle des métiers les plus utiles face à la crise sanitaire, du travail domestique ou du travail gratuit, ce sont majoritairement les femmes qui ont été en première ligne. Fanny Gallot revient sur ces diverses réalités sources d’importantes inégalités et tente de mettre en exergue les ressorts idéologiques qui les sous-tendent pour pouvoir mieux les dépasser.

Réussir le changement: inégalités et justice sociale

Emploi, logement, santé, éducation, numérique ou encore transports, le confinement a rappelé l’ampleur des inégalités tout en les aggravant. Résolument favorable au changement par et pour l’émancipation humaine, Fabienne Pourre nous rappelle que chaque inégalité, chaque injustice en sont des violations ; que c’est en partant de ces injustices et inégalités vécues que l’on peut développer les mouvements de contestation et les propositions pour les éliminer. Le chantier d’interventions étant immense, elle nous invite à nous en saisir concrètement pour agir.

Les services publics sont nos biens communs

La crise a encore accentué la prise de conscience du rôle indispensable des services publics dans nos vies et des conséquences désastreuses de leur transformation néolibérale. À rebours des logiques de concurrence, de rentabilité et de marchandisation qui sous-tendent cette transformation, Alain Obadia conçoit les services publics comme des communs au service de toute la population, de la transition écologique et du développement d’approches solidaires et de coopération. C’est pourquoi il insiste notamment sur la nécessité de reconfigurer radicalement leur gestion autour d’un processus ambitieux de transformation démocratique.

Pour conjurer la catastrophe, prendre le pouvoir sur l’utilisation de l’argent

Alors que l’argent coule à flots, il est avant tout utilisé pour restaurer la rentabilité du capital. Pour Denis Durand, c’est une impasse dangereuse qui alimente la spéculation. Il nous montre que d’autres choix existent. C’est en imposant de soumettre l’utilisation de l’argent à une logique sociale, écologique et démocratique qu’il sera possible de répondre aux enjeux de notre époque et d’apporter des réponses durables à la crise.

«La reconstruction du pays passera par la culture». Puisqu’ils le disent: Chiche!

Le monde de la culture compte parmi les secteurs les plus sévèrement touchés par la crise. Si les mesures de soutien adoptées par le gouvernement ne sont pas négligeables, d’autres seront nécessaires dans les années à venir pour surmonter le choc subi. Mais au regard du rôle considérable de la culture, des arts et de la création dans la construction d’un autre monde et d’autres futurs, l’enjeu n’est pas que financier. Frank Guillaumet nous invite à remettre en cause le modèle économique qui prime dans ce secteur et à réfléchir aux échecs de la démocratisation culturelle. Favorable à un service public tourné vers les usagers et la société, il ouvre des pistes pour s’atteler, sans plus attendre, à l’essor d’une démocratie culturelle en partage avec tous les acteurs concernés.