En complément de l’article d’Ysé Vauchez dans ce dossier, voici un entretien avec Thomas Huchon, journaliste spécialiste des fake news. Ces dernières apparaissent comme une dégénérescence contemporaine du débat public en lien avec la progression de l’extrême droite. Mais quels sont les mécanismes qui lient les deux dynamiques ? En France, il apparaît que l’extrême droite a su investir avant les autres le web et les algorithmes. Les réseaux sociaux amplifient ces «infox», tandis que les médias traditionnels, malgré leurs failles, restent des remparts relatifs.
Françoise Davisse livre un témoignage saisissant sur la production des documentaires dans la France contemporaine, entre contraintes éditoriales et poids du marché. La télévision publique étouffe oubliant sa mission : être l’espace où se créent et se confrontent les récits, où se construit une culture commune, conflictuelle et vivante.
La proposition de loi «relative à la réforme de l’audiovisuel et à la souveraineté nationale», déposée en 2023, est revenue en débat à l’Assemblée nationale et rejetée. Michel Diard invite à débattre de la transformation de fond dont l’audiovisuel a besoin pour s’adapter aux évolutions technologiques qui ont bouleversé le paysage. Parmi les axes forts d’une réforme possible, l’auteur propose que le législateur assure l’indépendance des rédactions, et arrache la création audiovisuelle aux groupes privés.
Spécialiste reconnu de l’histoire de l’édition, Jean-Yves Mollier a consacré plusieurs ouvrages à la concentration médiatique en France, notamment par l’étude du groupe Hachette. Voici quelques pages de sa synthèse, Brève histoire de la concentration dans le monde du livre (Libertalia, 2022). De l’échec de Lagardère face à Bouygues pour le rachat de TF1 à l’aventure désastreuse de La 5, aux ventes immobilières mirobolantes qui financent l’expansion, jusqu’à la mainmise sur les manuels scolaires, l’auteur révèle comment ce géant de l’édition a façonné, par sa stratégie capitalistique, le paysage médiatique français des années 1980-1990.
Le cinéma français est l’un des plus productifs et créatifs au monde, notamment grâce à un modèle spécifique de soutien via le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée). Mais il est confronté à l’émergence de nouveaux médias, et semble à la fois questionné et menacé, notamment depuis la crise pandémique qui l’a considérablement affecté. Marion Petit propose de soutenir et renforcer le rôle du CNC dans un contexte difficile, marqué par l’incursion de grands groupes capitalistes français.
Figure controversée de la presse française, collaborateur des nazis et pétainiste pendant la guerre, condamné en 1947, Robert Hersant est devenu, dans les années 1970-1980, un magnat de la presse française, droitisant des titres comme Le Figaro et France-Soir en éliminant les journalistes opposés à sa ligne éditoriale. Profitant de la crise de la presse et des besoins de modernisation, il a contourné les lois anti concentration issues de la Résistance grâce à ses soutiens politiques et financiers. Retour avec Marc Norguez sur les combats des ouvriers du Livre parisien et de la CGT qui ont permis d’obtenir des accords et d’arrêter, au moins un temps, Hersant dans ses projets dévastateurs, mais n’ont pas empêché la transformation profonde du secteur, au détriment des travailleurs, du pluralisme de la presse et de l’indépendance des médias.





