L’interprétation présidentialiste de la Constitution de la Ve République conduit à conférer d’importants pouvoirs au Président alors qu’il est irresponsable politiquement. Ce fait peut avoir de dangereuses conséquences. Il est contraire aux principes démocratiques.
En sanctuarisant l’élection présidentielle, en légitimant les ambitions personnelles et en privatisant la fonction programmatique des partis politiques, la primaire est au final une mauvaise réponse à un réel enjeu : l’affaiblissement de la légitimité et de l’ancrage social des partis.
L’élection présidentielle a affecté inégalement l’organisation interne des partis politiques. En fonction de leurs traditions, ces derniers se sont adaptés différemment à la contrainte présidentielle consistant à s’en remettre à un leader incontesté ayant une plus ou moins grande latitude dans la définition de la stratégie politique.
La centralité de l’élection présidentielle et le caractère monarchique du régime affaiblissent le rôle du parlement. Mais, la crise actuelle de la politique s’explique avant tout par l’effet dévastateur des politiques libérales présentées par certains comme indépassables. Cette crise pose la question du pouvoir et de son exercice.
Entretien avec Frédérique Matonti, professeure de Science Politique à l’Université Paris I-Panthéon-Sorbonne, qui publie, aux éditions La découverte, Le genre présidentiel. Enquête sur l’ordre des sexes en politique (mars 2017, 320 p.).
Républicanisme et monarchisme irréconciliables ? Si cela apparait relever de l’évidence, il a fallu des gestes fondateurs pour qu’il en soit ainsi.